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Arnaud Evain : « Un rapprochement vers la FFE »

Il est, avec les diverses sociétés qu’il a créées et qui animent la filière, un personnage incontournable. Avec le GFE, il apporte aux éleveurs un choix génétique de premier plan et une variété assez large dans le panel de reproducteurs proposés. A travers Fences, sur les rassemblements d’étalons et de chevaux de 3 ans, les associés sont toujours présents pour repérer des sujets qui feront le succès des ventes de Bois-le-Roi en offrant un débouché valorisant aux naisseurs et aux propriétaires. Une des qualités rares des associés Fences, c’est de trouver chaque année de nouveaux clients et de retrouver les anciens qui sont toujours prêts à lever la main. La notoriété acquise rejaillit forcément sur l’élevage français. N’est pas marchand qui veut. Eux le sont et font bien leur métier.Le confinement a porté un coup sévère à toute la filière. Paralysée dans son organisation, elle réfléchit néanmoins à ce qu’elle devra être demain. Hier 14 avril Yves Chauvin, président de la société-mère du cheval de sport disait son inquiétude en évoquant entre autres choses l’effritement des moyens financiers utiles au fonctionnement de son organisation. La vision d’Arnaud Evain, (comme celle de Pascal Cadiou que nous évoquerons demain) diffèrent sensiblement.

L’après, pour Arnaud, passera par la concentration de la SHF sur son cœur de métier, la valorisation. Une thèse qui lui est chère et qu’il avait soutenue l’année dernière lors de l’assemblée générale élective de la SHF. Il voit aussi un rapprochement vers la FFE.

. Sur les sources de financement

« Le principal sponsor en termes de finances de la SHF, ce sont les utilisateurs  des circuits. Le N°2, c’est effectivement le Fonds Eperon. Je ne parle pas des prestations, je parle du côté organisation des concours. Il y a aujourd’hui une source de financement qui est complètement ignorée et inexistante qui est l’échange avec la Fédération. Donc il est évident que demain il doit y avoir une discussion. La SHF est n°1 dans les sociétés organisatrices de concours à la Fédé, mais il y a à revoir et repenser, SHF et Fédé pour moi ne doivent pas fusionner. C’est un peu comme le PMU et les sociétés de courses qui ne peuvent pas fusionner parce qu’il y en a un qui s’adresse aux joueurs et l’autre à ceux qui font courir, là il y en a un qui s’adresse aux cavaliers et l’autre à ceux qui fabriquent les futures montes, mais elles sont intrinsèquement liées et leurs sorts économiques sont relativement liés. Il n’y aura pas un développement de l’équitation française sans un élevage français de chevaux de sport parce que c’est quand même la compétition qui tire la pratique et ça, Serge Leconte l’a bien compris parce que sinon il aurait laissé tomber le haut niveau.

Moi je ne veux pas croire qu’il n’y aura plus de Fonds Eperon, parce qu’il y a un engagement des courses qui tient à la licence qui leur est donnée d’organiser les paris qui est de participer au financement de la filière. Deuxièmement les Fonds Eperon ne coûtent absolument rien aux sociétés de courses.

Je dirais que non seulement les courses ne peuvent pas revendiquer une générosité quelconque à ce titre-là mais en plus ils s’abstiennent de leur devoir qui date du début du XXe siècle de subventionner la filière en échange du monopole des jeux. Il ne faut surtout pas renoncer mais il faut lancer une deuxième piste de réflexion pour remettre en route un système de prime au naisseur. Le dossier était à peu près ficelé par Marc Damians avec la Fédé. Mais le projet n’a pas été repris après le départ de Marc. A l’époque on voulait prélever un petit peu d’argent auprès de la Fédération sur les engagements, parce que déjà 150 000 engagements de jeunes chevaux et puis 1 million d’engagements, si on compte les engagements clubs, 1€ par engagement ça fait 1 million d’€, 2€ ça fait 2 millions d’€, ça grimpe vite.

La deuxième piste ouverte à l’époque pour les primes aux naisseurs c’était un prélèvement sur les dotations françaises et internationales. La Fédération pourrait parfaitement instaurer que pour toutes les dotations supérieures à X euros, il y ait un prélèvement de 4 ou 5 % qui viennent abonder ce fonds de prime aux naisseurs.

Tout ça ce sont des choses qui peuvent se décider entre la Fédé et la filière, et aujourd’hui la filière c’est la SHF qui est la maison-mère, qui porte sa voix dans un dialogue dans lequel chacun fait valoir ses arguments, ses nécessités.  Ce qui est certain c’est que les pouvoirs publics n’alimenteront pas indéfiniment la filière et elle ne donne pas le sentiment qu’elle essaie de trouver des ressources par elle-même. Il n’y a pas d’équivalent des Fonds Eperon en Hollande, en Allemagne, ce qui n’empêche pas ces éleveurs- là de progresser. Donc un rapprochement entre Fédé et SHF au niveau du financement de l’activité de la production et de la formation des jeunes chevaux c’est quelque chose dont je m’explique mal qu’il ne soit pas déjà opéré depuis un moment ».

. La crise peut-elle remettre ça au goût du jour ?

« La Fédé va avoir de vrais problèmes en sortie de crise pour essayer de ramasser les victimes  des centres équestres et de regarder ceux qu’elle peut ramener à la vie. C’est ça qui va être son plus gros souci. Si on se place assez loin dans l’après coronavirus c’est clairement une préoccupation qui va émerger, et c’est je dirais le devoir vital de la SHF de s’intéresser à ça. De s’interroger déjà dans son corps de métier si son budget de fonctionnement est proportionné aux ressources qu’elle distribue. Donc de réfléchir à l’ensemble des actions qu’elle a entreprises et qui coûtent de l’argent, de définir ses coeurs de métiers et puis d’aller en chercher les financements et pour ça de se rapprocher de la Fédé.

Aujourd’hui l’IFCE est le plus gros consommateur des ressources que l’Etat amène à la filière, essentiellement parce qu’il continue à payer tous les cadres, tous les fonctionnaires mais aussi parce qu’ils maintiennent un certain nombre d’activités. La manière dont ils peuvent aider la SHF c’est sous forme de prestations. C’est un organisme dont l’actionnaire et le financeur est « l’Etat », et eux c’est utopique de penser qu’ils puissent être un jour auto-suffisants financièrement. Mais ils sont prestataires de services pour l’ensemble de la filière et à mon avis il ne faut pas mélanger leur misère avec celle de la SHF. Pour moi la SHF doit se recentrer sur son rôle d’instructeur des besoins financiers de la filière, et d’organisateur de la formation des jeunes chevaux, s’interroger sur la pertinence de tout le reste, SHF Market, SHF Vidéo etc... »

 . Est-ce le moment de ne plus discriminer les autres que SF ?

« Ça je pense que c’est idiot depuis le début, le bon moment c’était de ne pas le faire, mais maintenant ne mélangeons pas les deux sujets. C’est un vrai non-sens à tout point de vue, c’est à la fois inepte et inefficace mais c’est devenu une question de principe et ça fait blocage, mais c’est sûr c’est complètement crétin, donc la moindre occasion de changer les choses c’est une bonne chose. Nos entreprises vont avoir besoin de jeunes chevaux à travailler, elles prendront tous les chevaux, SF et autres. »

. Des craintes sur l’avenir de qui va acheter des chevaux dans 2-3 ans ?

« Dans 2-3 ans je pense que le tunnel on va rentrer dedans et ça va dépendre du reste de la crise économique. En 2008 et 2009, où les bourses avaient pris des grosses baffes, on a continué à vendre des chevaux.

Moi je me demande un peu, quid des grands circuits où on trimballe des chevaux d’un bout à l’autre de la planète, est-ce que les gens ne vont pas se dire que dans le fond ce n’est pas si mal de produire les masques chez soi plutôt que de les acheter en Chine et de faire du concours chez soi plutôt que d’aller à l’autre bout de la Terre. On ne cherche pas à quelle vitesse ce circuit du très haut de gamme va reprendre et qui est assez déterminant dans l’usine à rêve qui fait que nos 3 ans valent de l’argent. »

ER

15/04/2020

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