- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

Adecno : 82 % de oui pour Cheval Normandie

(en ligne le 21 janvier 2010) L’Adecno a vécu samedi 16 janvier un moment historique de son histoire. Sur les 524 adhérents que dénombre l’Adecno, 251 s’étaient mobilisés pour voter (pouvoirs inclus). Photo 1 sur 2
Du jamais vu ! Les éleveurs ont vu juste dans l’avenir de l’élevage normand qui doit se mobiliser et se réunir au sein de « Cheval Normandie » qui regroupera la FNSF (Fédération normande du selle français), L’Adecno, Normandie Sélection (organisateur des concours de foals) et la Société du Concours de la Foire de Caen, organisatrice du concours de poulinières de Cabourg. Une fusion-création et une union primordiales en 2010 pour y voir plus clair et pour avoir du poids face aux instances.
Après une campagne difficile ponctuée par quatre réunions d’explication à St Lô, Montebourg, Sartilly et Lisieux, et une opposition exprimée par les lettres virulentes d’une poignée d’opposants, le président Jean Muris a pu triompher samedi soir après l’approbation à 81,7% de son projet soutenu par tout le conseil d’administration de l’Adecno.
L’assemblée générale extraordinaire avait rassemblé pour une fois depuis bien longtemps un nombre important d’éleveurs, 170 contre 40 l’an dernier. La salle de l’auditorium des Archives Départementales de la Manche était pleine à craquer pour le bonheur de Jean Muris : « Je souhaiterais tout d’abord vous remercier pour votre présence cet après-midi car lors de l’AG de l’an dernier le quorum n’était pas atteint mais cette année on le dépasse largement. Notre travail a porté ses fruits et nous allons pouvoir voter dans les meilleures conditions en espérant que cela soit dans le bon sens », affirmait le président en ouvrant cette assemblée historique. Jean-Louis Lenoury qui s’occupe des concours d’élevage à l’Adecno est revenu sur les chiffres de cette année 2009. « Nous avons organisé 42 concours. Après une baisse en 2007 nous revenons à une certaine stabilité. Nous avons même noté une hausse globale de 3% de la fréquentation des concours d’élevage. La préparation physique et la présentation des chevaux se sont nettement améliorées. Il faut continuer ainsi », encourage Jean-Louis Lenoury qui au passage informe les adhérents de la formation des juges à St Lô en Février, formation ouverte à tous les membres de l’Adecno. « C’est très instructif vous comprendrez peut-être mieux les notes attribuées à votre cheval après cette formation. » Du côté trésorerie, l’Adecno est en pleine santé.

Bilan financier

Les ventes amiables ont rapporté 10 088 € contre 9 004 € en 2008. Les engagements pour les concours d’élevage 35 641 € contre 37 671 € en 2008. Le budget pour la publicité a doublé cette année (1 369 € à 2 562 €). Côté frais de fonctionnement l’Adecno tourne autour de 22 000 €. « La location du CPE pour les événements nous coûte 11 643 € contre 40 000 € il y a quatre ans » ajoute Jean Muris. Le montant total des dépenses en 2009 s’élève à 122 000 € contre 130 138 € en 2008.
Côté adhésion l’Adecno dénombre 524 adhérents. « On perd 2,3 % d’adhérents chaque année, perte liée à l’évolution de la pyramide des âges. Ce n’est pas un constat dramatique, l’essentiel c’est que l’on ait des gens actifs. Malgré cette baisse nous avons quand même connu une hausse de 1600 € de cotisation. Cela signifie que les éleveurs ont plus de juments, » conclut le Président. Le total des cotisations rapporte à l’Adecno 31 651 €. La subvention de la Draf est passée en 2 ans de 15 000 € à 8 000 €, en revanche le Conseil Général de la Manche maintient son soutien à hauteur de 15 000 € annuels. Sans oublier le « trésor de Guerre » de l’Adecno qui atteint aujourd’hui
300 000 €. Il s’agit de SICAV d’une valeur d’achat de 173 000 €, placés lors de la dissolution du stud-book anglo-normand en 1958. « Je comprends que cela puisse attiser les convoitises ! » précise Jean Muris.
L’Adecno est donc une association saine et bien gérée, malgré la diminution importante du soutien des Haras Nationaux depuis plusieurs années, « tout ce qui était gratuit est devenu payant, nous avons donc procédé à des plans économiques drastiques pour survivre. »

« Il faut un Groupement d’Intérêt Public régional »

Concernant le dossier des HN, le Conseil d’Administration de l’Adecno s’en est activement préoccupé et a exprimé son opinion résumée par Olivier Brohier : « Les HN c’est comme un iceberg, on n’en voit qu’un tiers et les deux autres tiers sont immergés. Nous sommes prêts à continuer à travailler avec le personnel de terrain mais nous ne voulons pas subir le poids des administratifs des bureaux parisiens. »
Le président poursuit : « Aujourd’hui la bataille doit se faire autour du GIP. Nous demandons à ce que celui-ci soit régional avec des comptes d’exploitation séparés car nous ne voulons pas payer pour les chevaux lourds qui coûtent très cher, ou les étalons qui ne font pas de carte. »

Pourquoi créer Cheval Normandie ?

Les Jeux Equestres Mondiaux se profilent et toute la filière cheval de sport normande a une carte à jouer. Le CPE va accueillir le Horse Ball, et les infrastructures de St Lô serviront peut-être aussi à un mondial des jeunes chevaux qui est en train de se mettre en place avec la SHF et le FFE. L’AEC souhaite aller progressivement vers l’orga-nisation d’un « meeting d’hiver » dans le CPE. Les JSF et le Salon des étalons sont aussi un coup de projecteur essentiel sur notre région. Autant d’évènements qui imposent aux éleveurs de s’exprimer d’une même voix. Ce n’est donc pas avec plaisir que le conseil d’administration et Jean Muris ont décidé de dissoudre l’Adecno, la première association régional d’éleveur créée en 1962 et en nombre d’éleveurs la plus importante en France mais par nécessité. « Le but est de gagner en lisibilité, en représentativité en cohérence, en réactivité et en efficacité. Les éleveurs eux-mêmes étaient perdus et ne savaient pas faire la différence entre FNSF et Adecno. Le nouveau Conseil d’administration aura 30 sièges, 26 administrateurs issus du collège d’éleveurs et 4 administrateurs issus du collège partenaire qui regroupe l’AEC et le dressage. D’autres partenaires pourront entrer s’ils sont légitimes. Au sein de cette association il y aura dix commissions différentes (concours d’élevage, promotion, commerce/export...) Les administrateurs seront élus pour un mandat de 4 ans, mais après avoir écouté les éleveurs pour le CA fondateur la durée sera de 2 ans. Le budget prévisionnel est de 413 600 €. Concernant le choix du nom il a fallu faire des concessions pour mettre tout le monde d’accord. Jean Baptiste Thiebot aura une phrase phare : « On dit bien toujours que l’on va à la CASAM (l’ancien nom d’Agrial,ndla), alors on dira toujours qu’on va à l’Adecno. Il faut évoluer avec son temps ! »

Françoise Rivière et Fernand Leredde s’opposent

Contre ce projet depuis le début, Françoise Rivière (élevage du Theil) s’est levée une lettre à la main pour affirmer son désaccord. « Cela m’a pris aux tripes quand j’ai appris il y a peu de temps qu’on voulait dissoudre l’Adecno ». Après avoir fait la comparaison avec les Stud-books allemands qui sont quasiment un par land, elle a exprimé l’idée qu’il fallait faire de même en Normandie à travers le CSAN, stud-book du Cheval de Sport Anglo-Normand. Noël Letablier (élevage d’l’Herbage) est quant à lui revenu sur le problème des amateurs pris selon lui pour des « tiroirs-caisses » ainsi que les ventes amiables qu’il trouve désuètes.
En réponse Jean-Luc Dufour explique : « Depuis 20 ans le SF fait partie des trois meilleurs stud-books mondiaux. Recréer un stud-book comme le CSAN, c’est revenir en arrière. Nous étions d’accord pour un label anglo-normand mais pas pour la reconnaissance d’une race à part entière. Concernant les amateurs vous savez très bien que la FFE est élue par les clubs et que nous ne pouvons malheureusement pas
lutter ». Jean-Baptiste Thiébot renchérit : « Vous ne pouvez pas comparer le système allemand qui fait naître 50 000 poulains par an alors que le SF compte 8000 naissances annuelles ».

S’organiser sans perdre les hommes

« Notre région a un potentiel exceptionnel et unique en France. Il faut aujourd’hui simplifier toutes les associations en créant une entité unique et solide pour être mieux écoutés et s’organiser mieux sans perdre d’hommes en route. L’Adecno a été créée sur un passé glorieux mais aujourd’hui avec la crise et la mondialisation nous ne pouvons plus travailler individuellement. La maison mère est en train de se créer, cette maison est une idée magnifique mais elle n’inclut pas assez les éleveurs c’est pour cela qu’aujourd’hui nous devons parler d’une seule voix forte. »

Jennifer Decamp
21/01/2010

Actualités régionales