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Vente d’un cheval : optimisation comptable et Fiscale

Lors de l’achat d’un nouveau cheval, ou lors de la naissance d’un poulain, l’exploitant doit se poser la question de l’immobilisation ou non de son équidé. C’est une notion importante car certaines optimisations fiscales sont possibles lors des ventes et des plus-values qui peuvent en découler.

Cheval : stock et/ou immobilisation ?

D’après les textes, le cheval est inscriptible sur un compte de stock. Mais l’article 38 sexdecies D de l’annexe III au CGI apporte des précisions pour les équidés en général : « doivent être considérés comme des immobilisations amortissables, les équidés qui sont utilisés comme animaux de trait ou affectés uniquement à la reproduction ainsi que les chevaux de courses mis à l’entrainement, les chevaux de concours soumis à un entrainement en vue de la compétition qui sont âgés de 2 ans au moins au sens de la réglementation des courses ».

Il est donc possible de les immobiliser mais à certaines conditions.

Il y a des cas particuliers pour les chevaux de courses, de concours et de selle :

Lorsque l’exploitant a une comptabilité qui relève d’un régime au réel, il est possible d’inscrire les chevaux en immobilisations dès la date de naissance. Cependant, cela ne concerne que les chevaux destinés aux courses de trot et de galop ou les chevaux de selle. Ils doivent être disposés à pratiquer physiquement (donc non infirmes) et de par leurs origines (appartenir à un Stud-book). 

Les OC (origines constatées, depuis 2010) ou les CS (chevaux de selle, avant 2010) peuvent être considérés comme prédisposés à la selle et donc, peuvent être immobilisés. 

Les ONC (Origines non constatées) ne peuvent pas être immobilisés, ils entrent dans un compte de stock.

L’inscription en immobilisation est une simple faculté qui s’exerce animal par animal. 

• Si le cheval est inscrit en stock : 

Une fois calculé le coût de revient du cheval, à la fin de chaque exercice, il faut limiter la valeur du cheval au cours du jour si celui-ci est inférieur au coût de revient du cheval. Donc, si le coût de production du foal est de 10 000 € mais qu’en fait, il a une valeur vénale de 5 000 € car il présente des problèmes physiques, il faut retenir 5 000 € en stock et non 10 000 €. 

Lorsqu’on vend un cheval en stock, la recette constitue du chiffre d’affaires et donc cela a un impact sur le seuil d’exonération des plus-values. La vente d’un cheval sera soumise à la taxe ADAR (0.19 % jusqu’à 370 000 € et 0.05 % au-delà de 370 000 €).

• Si le cheval est inscrit en immobilisation : 

Lorsqu’un cheval est enregistré en immobilisation, on peut déjà anticiper la déduction de charges par l’enregistrement des dotations aux amortissements. Depuis 2005, les chevaux sont amortissables sur une durée de 3 ans. Un cheval né sur l’exploitation est amortissable à partir du 1er jour de l’exercice qui suit l’exercice comptable de sa naissance. Il est donc préférable que l’exercice comptable commence juste après la saison des poulinages, donc post 1er semestre pour les professionnels qui veulent déduire des amortissements au plus-vite après la naissance des foals.

Il y a obligation de vendre sans TVA si le cheval a été acheté à un non assujetti (art 261-3-1° du CGI). Ainsi si un cheval est acheté à un retraité par exemple et qu’il est enregistré dans un compte d’immobilisation, lorsque le cheval est revendu, il n’y aura pas de TVA. 

Lorsqu’un cheval est vendu, il n’y aura pas de taxe ADAR contrairement à un cheval enregistré dans un compte de stock. 

Il est possible de bénéficier d’une exonération totale ou partielle de plus-value (art 151 septies du CGI), d’un étalement sur trois exercices pour les plus-values nettes imposables à court terme, et d’un taux forfaitaire pour les plus-values à long terme, lequel est passé de 16 % à 12.80 % en 2018. 

• Ce qu’il faut retenir

L’immobilisation des chevaux est nettement plus intéressante que l’enregistrement des chevaux en stock lorsque la loi le permet. Il est possible de constater des charges d’amortissement dès l’exercice d’investissement sur les chevaux immobilisés (Exercice N si achat de chevaux, et Exercice N+1 si naissance de foal). Cela permet de diminuer les prélèvements obligatoires (MSA et impôt sur le revenu). Et aucune taxe ADAR n’est calculée sur le montant des cessions de chevaux.  

Vente d’un cheval : plus-value et fiscalité

Une plus ou moins-value est la différence entre le prix de vente de l’immobilisation, et sa valeur nette comptable au jour de la vente (coût de revient de l’immobilisation diminué des amortissements déduits jusqu’au jour de la vente).

On parlera de plus-value lorsque cette différence est positive, et de moins-value lorsqu’elle sera négative. 

Lors d’une vente d’un cheval immobilisé, la plus-value génère un résultat comptable positif. Néanmoins, les plus-values réalisées sur les ventes de chevaux peuvent être exonérées sur le plan fiscal. Quelles sont les mesures fiscales qui concernent ces plus ou moins-values ? Comment calculer une plus-value ? 

I-Plus-value et fiscalité

• Sur le plan fiscal et social en entreprise individuelle : 

L’article 151 septies du CGI prévoit notamment l’exonération des plus-values professionnelles réalisées par les contribuables imposés dans la catégorie des bénéfices agricoles qui exercent leur activité depuis au moins 5 années et dont les recettes n’excèdent pas 250 000 € HT. 

Ce seuil est apprécié sur la moyenne des recettes HT réalisées au titre des exercices clos au cours des deux années civiles qui précèdent la date de clôture de l’exercice de réalisation des plus-values. Au-delà de ce seuil, c’est une exonération dégressive lorsque les recettes sont comprises entre 250 000 et 350 000 € HT. 

• Sur le plan fiscal et social en société soumise à l’impôt sur le revenu :

En société civile agricole soumise à l’impôt sur le revenu, le seuil est multiplié par le nombre d’associés exploitants. Pour les associés exploitants, il faut prendre en compte les recettes de la société × Quote-Part de l’associé dans ses recettes. Pour les associés non exploitants, il faut retenir les recettes totales de la société.

Exemple : Une EARL soumise à l’impôt sur le revenu avec un associé exploitant (51 %) et un associé non exploitant (49 %). La moyenne des recettes est de 380 000 €. 

L’associé exploitant sera exonéré sur sa quote-part de plus-value lui revenant (51 % * 380 000 = 193 800 €). L’associé non exploitant sera taxable sur sa quote-part de plus-value lui revenant car 380 000 € de recettes dans la société. 

• Les recettes HT pour le calcul des exonérations partielles ou totales des plus-values 

Pour une exonération totale des plus-values, la somme HT des recettes suivantes doit être inférieure à 250 000 €. Il y aura exonération partielle, lorsque la somme des recettes HT est comprise entre 250 000 € et 350 000 €. 

- Ventes de saillies, gratifications étalonniers, poulinages,

- Ventes de chevaux qui sont inscrits dans un compte de stocks (ces ventes augmentent le niveau de chiffre d’affaires et diminuent d’autant la possibilité de bénéficier d’une exonération de plus-values),

- Pension de chevaux,

- Remboursement de frais (maréchal, véto, ostéo…),

- Les gains et primes en courses et concours, le pourcentage entraineur,

- Commissions facturées sur les chevaux qui sont travaillés ou qui sont présents dans le haras,

- Toutes les aides PAC, les subventions, les aides à l’emploi SECF…, 

Les cessions d’immobilisation n’intègrent pas ces recettes HT pour la détermination de l’exonération ou non des plus-values de cession d’immobilisation. 

II- Plus-value comptable : mode de calcul

Exemple : Vente d’un cheval à 70 000 € le 15/08/2017

Le cheval a été acheté yearling le 16/06/2015 pour 24 000 €. 

Les recettes sur la structure, hors vente d’immobilisations :

α Exercice comptable 2015 (12 mois) = 260 000 € HT

α Exercice comptable 2016 (12 mois)= 290 000 € HT 

Le cheval est vendu plus cher que le prix investi au départ (70 000 € contre 24 000 €), et la date de la vente est intervenue plus de 2 ans après la date de l’investissement. Il y aura donc 2 types de plus-values : une plus-value à court terme et une plus-value à long terme.  

• Mode de calcul des plus-values à court terme (CT) et long terme (LT) :

Prix de vente (1) 

70 000€

Prix d’achat (2) 

24 000€

Amortissement déduits (3)

17 333,33 €

Valeur Nette Comptable

 (4) =(2)-(3)

6 666,67 €

Plus-value totale (1)-(4)

63 333,33 €

Dont plus-value CT

17 333,33 €

Dont plus-value LT

46 000 €

 

Amortissement 2015 (6,5 mois car acheté le 16/06/15)

24 000*(1/3)*(6,5/12) = 

4 333,33 €

Amortissement 2016

24 000* (1/3) = 8 000 €

Amortissement 2017

(7,5mois car vendu

 le 15/08/17)

24 000*(1/3)*(7,5/12) = 

5 000 €

La plus-value n’est pas un montant d’impôt à payer - c’est la différence entre un prix de vente et une valeur nette comptable calculée dans la comptabilité. 

Le cheval ayant été vendu plus de 2 ans après l’avoir acheté, deux types de plus-values vont apparaître :     

• une plus-value à court terme qui est à hauteur des amortissements déduits soit 17 333,33 € 

• une plus-value à long terme pour la différence, soit 46 000 €.

III- Différences entre plus-values court terme et long terme

Il y a compensation des plus-values et moins-values réalisées sur le même exercice et dans la même catégorie (pas de compensation entre une moins-values CT et une plus-values LT par exemple). 

Il est aussi possible de répartir l’impact d’une plus-value nette à court-terme imposable sur l’exercice de réalisation et les deux suivants. 

Nature des biens cédés

Plus-values

Moins-values

Durée de détention

 

< 2 ans

≥ 2 ans

< 2 ans

≥ 2 ans

Eléments amortissables (chevaux compris)

CT

CT dans la limite de l’amortissement déduit ; LT au-delà

CT

CT

Eléments non amortissables

CT

LT

CT

LT

CT =  Court Terme ;  LT = Long Terme 

Exemple : A l’aide de l’exemple pris au-dessus avec une plus-value de 63 333 € : 

- Moyenne des recettes 2015 et 2016 : (260 000 + 290 000) /2 = 275 000 € HT

- % d’exonération des plus-values réalisées en 2017 : (350 000 - 275 000) /100 000 = 75 %

Les plus-values réalisées en 2017 seront donc exonérées à hauteur de 75 %. 

La plus-value totale de 63 333 € va être soustraite du résultat agricole imposable à hauteur de 75 % de son montant, soit 47 500 €. 

Pour la partie imposable : 

o Plus-value CT 

La plus-value à court terme imposable sera donc de
17 333,33 € × 25 % = 4 333 € et s’ajoutera au bénéfice agricole imposable à l’impôt sur le revenu + la MSA.  Il est possible d’étaler sur trois exercices comptables le montant de la plus-value CT imposable (art 39 quaterdecies du CGI). Ce qui revient à dire que sur les 4 333 € de plus-values imposables, il est possible de déduire du résultat les 2/3, soit 2 889 €. 

Sur chacun des deux prochains exercices comptables, 1/3 de cette plus-value sera intégré au résultat, soit 1 444 €. 

oPlus-value LT 

La plus-value à long terme imposable sera donc de 46 000 × 25 % = 11 500 €. Le professionnel paiera 12.80 % d’impôt forfaitaire et 17.2 % de CSG-CRDS et droits sociaux en 2018, soit 11 500 € × 30 % = 3 450 €. 

Il n’y a pas de charges sociales MSA sur les plus-values à LT. 

IV- Comparatif entre un cheval immobilisé et en stock

 

Cheval immobilisé

Cheval en stock

Plus-value / Marge réalisée

63 333 €

46 000 €

Amortissement déjà déduis

                         -17 333 € 

 

Résultat total/vente cheval

46 000 €

46 000 €

Déduction plus-value LT

                        - 46 000 €

 

Exonération plus-value CT

                         -13 000 €

 

Etalement / 3 ans plus-value CT

         - 2 889 € (pour info)

 

Résultat total soumis à l’IR* TMI**

                        - 13 000 €

46 000 €

IR/CSG-CRDS sur plus-value LT (12.80% + 17.2%)

3 450 €

 

IR (TMI à 14%) + MSA (34%)

                          - 6 240 €

22 080 €

Cumul prélèvements obligatoires

- 2 790 €

22 080 €

*IR : impôt sur le revenu, **TMI : tranche marginale d’imposition 

• Ce qu’il faut retenir :  

Il est possible de bénéficier d’une exonération fiscale totale ou partielle sur les plus-values. Il est, aussi, envisageable de bénéficier d’un taux forfaitaire d’impôt sur le revenu (12.80 %) et la CSG-CRDS et droit sociaux (17.2 %) sur les plus-values à long-terme imposables (pas de cotisation sociales MSA). Il peut s’avérer intéressant d’étaler sur 3 exercices, le montant de la plus-value nette à court terme imposable (permet de soulager la trésorerie par exemple). 

Lionel Lesouef, expert comptable spécialisé équins Equicer

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