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Un peu d’histoire (2)

  • Trois chevaux du Charolais appartenant au Lieutenant de Mortanges, de l’armée hollandaise : Aramis (Dacus 1/2 s.), Marcroix, ex-Ténor II (Marsan p.s.) et Va-T’en (Pouf 1/2 s.) (de gauche à droite). Ont gagné, en 1927, en Hollande et dans les épreuves internationales, 29 prix dont 13 premiers.
    Trois chevaux du Charolais appartenant au Lieutenant de Mortanges, de l’armée hollandaise : Aramis (Dacus 1/2 s.), Marcroix, ex-Ténor II (Marsan p.s.) et Va-T’en (Pouf 1/2 s.) (de gauche à droite). Ont gagné, en 1927, en Hollande et dans les épreuves internationales, 29 prix dont 13 premiers.
II. Le cheval du Forez.
Nous poursuivons cette histoire de l’élevage en France par les chevaux et les éleveurs du Forez. Ne l’oublions pas, nous sommes en 1938, année où fut publiée cette étude.

Origines. - Sans remonter aux époques lointaines où d’Urfé chantait dans l’Astrée les beautés de la production du Forez, berceau

II. Le cheval du Forez.


Nous poursuivons cette histoire de l’élevage en France par les chevaux et les éleveurs du Forez. Ne l’oublions pas, nous sommes en 1938, année où fut publiée cette étude.


Origines. - Sans remonter aux époques lointaines où d’Urfé chantait dans l’Astrée les beautés de la production du Forez, berceau de sa famille, on voit, dans les chroniques, que, bien avant la Révolution, la Loire était un important pays de production chevaline. Au XVIIIe siècle, cette région fournissait de nombreux chevaux de service en Suisse et en Auvergne; chaque année, la remonte des armées y trouvait environ trois cents chevaux de selle (dragons et légère), tout ceci sans parler des importants besoins des indigènes qui utilisaient des « bidets fort durs au travail ».


Cette région du Forez dépendait de l’inspecteur royal des haras de la province du Lyonnais, qui y entretenait quinze étalons de sang. Les poulinières, faute de prairies, étaient les juments de service des fermes. Il y avait, néanmoins, une très belle sélection, et c’était un élevage florissant qu’à la fin du XVIIIe siècle la tourmente révolutionnaire réduisit à rien.


En 1812, commencent les premières tentatives pour remonter cet élevage. Jusqu’en 1857, on tâtonne; l’étalonnage est médiocre et le Forez n’est encore qu’une plaine de terres maigres; aucune prairie n’y existe.


Cette date de 1857 est le début de l’ère de la prospérité de l’élevage; c’est l’époque à laquelle commence l’étude de l’irrigation de la plaine forézienne par l’établissement de canaux utilisant les eaux de la Loire et de ses affluents.


Cette œuvre de grande amélioration eut, comme promoteurs et donateurs, les pères des grands éleveurs que furent MM. De Vazelhes, Balay, de Poncins. Ce travail de grande envergure permit de faire de la plaine du Forez une région de pâturages et de les étendre principalement sur la rive gauche de la Loire jusqu’à Grézieux, Boën et Poncins. Cette création de prairies va mettre, en matière d’élevage, le Forez sur le pied du Charolais.


De la bidette de service énergique que nous avons vue au XVIIIe siècle, va sortir une jumenterie de demi-sang progressivement améliorée.


Situation de l’élevage. - Grâce aux efforts combinés des éleveurs et de l’Administration des haras, le Forez est, actuellement (en 1938 ndlr), le centre d’une importante production de demi-sang. C’est une vaste plaine, traversée sud-nord par la Loire, de Saint-Just-sur-Loire à Balbigny, arrosée par le Lignon et la Mare, affluents de gauche de la Loire, et limitée à l’ouest par les monts du Forez et à l’est par les monts du Lyonnais. Les centres les plus importants sont Montbrison, Feurs et Montrond.


Type du cheval du Forez. - Le cheval du Forez est d’un type analogue à celui du Charolais. Elevé sur un sol moins riche, dont l’amélioration ne date que d’une soixantaine d’années, il a, comme souche, une excellente bidette de service mais dont le squelette était loin d’avoir l’importance de celui de la jument « morvandelle ». Aussi ne trouve-t-on pas chez lui la hanche aussi forte et le sanglage aussi accusé que chez le charolais. Mais c’est un animal de beaucoup de grain, très « selle », très vibrant dans ses allures.


Des infusions de sang anciennes et répétées lui ont donné beaucoup d’espèce. Mais le sol n’était pas assez riche pour croiser indéfiniment sang sur sang. Les éleveurs ont su doser leurs croisements et le Forez produit, actuellement, à côté d’excellents « poids moyens », quelques très beaux « poids lourds ».


Succès en concours et en courses. - Le cheval forézien est un animal plein de trempe et de qualité; nombreux ont été ses succès en épreuves publiques; il y a même précédé ses frères charolais.


Dans ses débuts, l’écurie de Rovira a trouvé dans la Loire la majorité de ses sauteurs; le premier en date fut Gerfaut (Bonnier). Presque à la même époque, on a pu admirer les parcours de Pile-ou-Face, à M. Pierre de Vazelhes, et de Mustapha, à M. Henri Leclerc (né chez le vicomte de Poncins).


Le seul demi-sang (par demi-sang et demi-sang) ayant gagné le championnat du cheval d’armes était un cheval de la Loire, Furet, par Rémus (Iambe).


En concours, de brillants lauréats ont été fournis par le Forez; avant la guerre, c’est le fameux K.-O., par Rémus, demi-sang, lauréat à Paris, Vichy et Saumur, qui, après avoir été requis, finit la campagne comme monture d’officier de cuirassiers.


Depuis 1919, quelques chevaux ont brillamment porté les couleurs de la Loire, tant en concours qu’en cross. Le plus célèbre fut l’harmonieuse Médine (Marsan, p. s.), championne à Vichy et Saumur.


Gamin, ex-Serpolet (Mosque, p. s.), de l’élevage de M. Balaÿ, acheté par le capitaine Labouchère, de l’armée hollandaise, a remporté deux coupes à Berlin (dont le championnat de puissance); a gagné le championnat du cheval d’armes et la coupe à New-York. Il remporte en Hollande plus de 20 premiers prix. Violon III (Bonnier, né chez M. Balaÿ et présenté par M. Soucachet, a été un bon performer de courses de demi-sang.


Citons aussi toute la série des produits de Mosque (parfois un peu heurtés dans leur modèle, mais tous uniformément qualiteux et puissants), que l’on a pu applaudir dans les concours, en 1924, 1925 et 1926. Beaucoup étaient mis en valeur par M. Guy Olivier. C’est une fille de Mosque, Xerminette, montée par le lieutenant Brousset, qui, en 1926, a gagné, à Saumur, le championnat du cheval de chasse.


Trois des meilleurs gagnants nés dans la Loire sont : Vierge-Folle (Mosque, p. s.), grand vainqueur militaire; Uruguay II (Rivoli III, p. s.), né chez le vicomte de Poncins et dont les victoires en steeple de demi-sang, tant à Vincennes qu’à Auteuil, ne se comptent plus. Il était piloté par le comte de Villeneuve. Avec la même monte, Umbron (Mosque, p. s.), né chez M. Balaÿ, vient de remporter de nombreux steeples, notamment à Dieppe, gagnant plus de 70 000 fr.


Etalonnage. - L’étalonnage particulier a été beaucoup plus développé dans la Loire qu’en Charolais.


Au milieu du siècle dernier, le nombre des étalons entretenus par l’Etat était insuffisant. Il en résultait une réelle crise de l’élevage. C’est à cette époque que fut admis le principe des étalons privés subventionnés par le département et par l’Etat. C’est à M. Ory père et au marquis de Poncins que revient le mérite de la reconnaissance de l’étalonnage, et, comme conséquence, de l’élevage dans le Forez.


L’œuvre fut continuée jusqu’à nos jours par MM. Ory fils, à Feurs; le vicomte de Poncins, à Saint-Cyr-les-Vignes; Garnier, à Craintilleux; le baron de Vazelhes, à Grézieux; Balaÿ, à Sourcieux; Faurand, à Saint-André-le-Puy.


Les étalons particuliers furent moins nombreux et c’est le haras de Cluny qui fournit une grande partie des reproducteurs.


Elevage de pur sang. - Les élevages de pur sang sont rares en Forez; seuls MM. Balaÿ et de Vazelhes font naître quelques chevaux de pur sang.


Il y eut, naguère, quelques bons élevages de pur sang dans la Loire. On peut citer :


M. Douvreleur, éleveur de Violon II; M. Louis de Romanet, qui fit naître presque tous les chevaux dont il devait plus tard exploiter la carrière; l’élevage de M. Darcon au Coteau (près Roanne).


Elevage de trotteurs. - La région de Feurs s’adonne encore un peu à la production du trotteur. M. Faurand (Saint-André-le-Puy) y a un important élevage et entraîne ses produits. Il a un fort bel étalon trotteur, Uruguay.


Prochain article : le cheval du Berry


07/04/2016

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