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Philippe Martin : « J’aimerais savoir qui signera le plan de vol... »

A quel titre avez-vous été choisi dans cette affaire de construction du GIP ?« Je ne saurais dire si j’ai été choisi, comme vous dites, ou si je me suis imposé en qualité de représentant des associations régionales d’éleveurs, Photo 1 sur 1
président de la FENECSO, et sans doute aussi ayant été un des premiers et des plus actifs défenseurs des Haras Nationaux y compris dans vos colonnes.

Dois-je vous rappeler que jusqu’à peine quelques semaines la France de l’élevage avait fait son deuil de la disparition des Haras Nationaux. Quand certains n’avaient pas déjà sortis les « lampions ».

Les associations d’étalonniers de sport militaient activement depuis de nombreuses années soutenues par certaines associations nationales de races pour le retrait des Haras Nationaux de l’étalonnage public.

Les structures nationales de Trotteurs et Pur Sang, dont la part de l’étalonnage public représente 6% de la monte restèrent à l’écart sans réelle conviction pour ou contre.

En revanche, AQPS Anglo-Arabe et chevaux de Trait se sont inquiétés de l’avenir des haras, ayant bien compris que seule une structure collective associative pouvait les accompagner vers la maturité à laquelle ils aspirent. Il faut bien admettre que les anti-Haras Nationaux ont été beaucoup plus actifs que leurs défenseurs. Le comble eût été que les pourfendeurs de l’administration aillent dans les régions défendre le tout privé. »

GIP National ou Régional ?

« Le GIP est une structure complexe dont le seul énoncé n’est pas très attirant. Moi-même, dès le départ n’y étais pas très favorable. Madame Le Henaff et Michel Helfter (respectivement sous directrice au Ministère de l’Agriculture et Rédacteur du projet) m’ont convaincu qu’il n’y avait pas d’autre structure possible permettant d’associer des intérêts privés et des moyens publics.

Sachant que l’Etat apporte du capital par la cession des étalons et des moyens par la mise à disposition du Personnel, seul semble-t-il un GIP permet ce mariage. Quant à la répartition des rôles entre National et Régional ?

Dès le mois de septembre, j’ai formellement, et par écrit, alerté le ministère qu’une structure nationale qui ne serait que le « fac similé » des actuels Haras Nationaux, porterait en elle les germes de son échec.

Comment pourrait-on espérer l’implication d’acteurs régionaux dans des structures dont ils ne seraient qu’exécutants « bons à tout », y compris payer, et faire valoir ?

Seules des structures régionales totalement indépendantes autour et avec les associations régionales d’éleveurs existantes sont susceptibles de réussir, dans un nouveau contexte économique là où hier les Haras Nationaux dans une mission de service public, ayant d’autres objectifs, étaient exemptés de tout équilibre ou rentabilité financière.

Si des contraintes juridiques imposent, à titre temporaire, un GIP National, celui-ci ne peut être qu’une structure de transit vers les structures régionales au même titre que la Caisse Nationale peut l’être avec les Caisses Régionales du Crédit Agricole ».

Le GIP, tel qu’il est envisagé, est loin de faire consensus. Les réserves émises par d’Arnaud Evain ou par le président de l’ANSF, entre autres, en témoignent.

« J’ai lu en effet différentes déclarations à ce sujet. On peut comprendre leurs réserves. Toutefois ce que je comprends moins bien c’est pourquoi ne croyant pas aux possibilités de réussite du GIP, l’ANSF, voyant que la place des éleveurs allait y être, à juste titre, prépondérante, a « exigé » de faire partie de la cellule de concertation. Mais le pire, ce n’est pas la position de l’ANSF qui ne représente que 14% du marché de l’étalonnage en France , c’est que, malheureusement, l’ANSF n’est pas la seule à afficher son septicisme à l’égard du GIP.

Vous d’abord. Toute notre presse spécialisée élevage (Le Cheval, l’Eperon), les étalonniers privés et leur lobbying, les associations nationales dont l’ANSF que vous venez de citer, les syndicats de personnels, tout le monde aujourd’hui parle des Haras au passé !

Pour ma part je déplore profondément ces déclarations qui ne peuvent que décourager les rares bonnes volontés et les inciter à jeter l’éponge ».

Vous avez une ou des solutions ?

« Il faut que vous, la presse, cessiez d’annoncer la mort du « malade ». Primo ! Il faut deuxio, que tous ceux qui ne croient pas à ce GIP ou ne veulent pas y croire se tiennent à l’écart et cessent de jouer les JANUS : « on n’y croit pas, mais on y va quand même » en proclamant un jour le contraire de ce qu’ils affirmaient la veille. Il faut aussi que l’Etat assume ses choix et se donne les moyens de les atteindre.

A trop vouloir faire plaisir à chacun et ne laisser personne sur le quai, il alourdit la barque, rend la manœuvre impossible et, dans l’ouragan qui menace la moindre vague nous engloutira tous !

Il faut aussi que les représentants du personnel comprennent que l’étalonnage, au XXIe siècle n’est plus un service public.

En dehors de toute considération politique, aucun responsable ne peut ignorer que l’avenir de notre pays passe inévitablement par une période de réduction des dépenses partout où elles ne sont pas vitales. L’étalonnage doit être totalement abandonné au service privé à moins que des structures collectives et associatives régionales créées à partir des Haras nationaux se mettent en place. C’est à chacun des intéressés de le comprendre : Eleveurs – Agents – Régions. Dans cinq ans il sera trop tard, c’est aujourd’hui qu’il faut s’y employer ».

A vous écouter cela paraît non seulement possible mais simple !

Possible, OUI. C’est possible puisque dans 16 ou 17 pays de la CEE des structures publiques ou collectives régionales d’étalonnage fonctionnent par, avec et pour la plus grande satisfaction des éleveurs. Simple, sûrement pas. Parce que le « Jacobinisme » français est toujours bien présent.

Alors que la régionalisation dont on vante les avantages depuis plus de 50 ans peine tant à être effective, pensez-vous qu’une régionalisation de l’élevage, abolie en 1958 puisse renaître aujourd’hui sans en effrayer plus d’un au sein même de l’établissement HN d’abord, et au sein d’associations nationales de races qui veulent maintenir le monopole qui leur a été octroyé par l’administration ? »

Où en est le GIP aujourd’hui, selon vous ?

En plein brouillard ! C’est pourquoi j’attends de savoir :

Qui sera propriétaire de la compagnie ?

Qui est dans la tour de contrôle ?

Qui fixe l’objectif à atteindre ?

Qui nommera commandant de bord et équipage ?

Qui fournira le carburant ?

Qui assumera la maintenance ?

Qui signera le plan de vol ?

Qui laissera t-on monter dans le cockpit : amis ou terroristes ?

Alors toujours optimiste ?

« Je ne pars jamais en montagne avec ceux qui ont peur, qui ne croient pas l’objectif à leur portée ou qui tireront sur la « nouille » (corde NDRL) pour freiner la progression. 

On ne construit pas avec des «  je voudrais bien, mais j’y crois pas ! » pas davantage avec ceux qui n’en veulent pas mais qui y vont quand même de peur de perdre une once de pouvoir.

Il faut que le paysage s’éclaircisse au plus vite pour que l’on passe à l’action, la concurrence n’attendra pas ! Qui pourrait le lui reprocher ? »

Propos recueillis par E. R.

04/02/2010

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