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Patrick Caron : « Nous n’avons jamais eu un tel potentiel de médailles »

L’entraîneur-sélectionneur aux 100 médailles affiche un bel optimisme de médailles pour les cavaliers de CSO : « Jamais, dit-il, nous n’avons eu un tel potentiel de médaillables. Jamais l’équipe de France n’a été aussi armée que pour cette olympiade. Collectivement comme individuellement, ils sont très forts. » Patrick s’exprime aussi sur le marasme économique qui touche le marché des « petits chevaux de CSO ». En cause évidemment, la formation des compétiteurs. Il parle bien des compétiteurs et non des équitants. Distingo subtil et important.

Patrick Caron, on vous appelle l’homme aux 100 médailles, expliquez-nous un peu…

Ce n’est pas 100 médailles mais 118 exactement. Pourquoi ? Parce qu’une médaille c’est toujours une très, très belle performance, que l’on soit junior, jeune cavalier ou senior, et puis quand on est en équipe il y a 4 cavaliers qui ont une médaille, donc effectivement en cumulant les Championnats d’Europe Juniors, Jeunes cavaliers, séniors et les Championnats du Monde Senior et Jeux Olympiques, durant la période où j’étais sélectionneur, entraineur, manager, c’est-à-dire pendant 13 ans ½, eh bien voilà je sais qu’il y a 118 médailles de 3 métaux différents accrochés à la bonne place dans les écuries de tous ces passionnés d’équitation ou des propriétaires parfois. Une médaille, qu’elle que soit sa catégorie d’âge, est toujours un objectif suprême, et bon cette année bien sûr on en parle, puisque c’est l’année des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro et nous rêvons tous que notre cavalière et nos cavaliers français ramènent 1 ou des médailles de Rio.

Vous, vous êtes bien placé pour parler des JO. Comment  voyez-vous  les choses cette année ?

Alors, moi j’ai été obsédé par les médailles aux Jeux Olympiques, parce que j’ai commencé à monter à cheval grâce au plus grand champion que le monde ait connu, que l’univers ait connu, c’est-à-dire M. Pierre Jonquères d'Oriola qui fut deux fois champion olympique, et c’est par cette admiration que j’avais de lui, que j’ai consacré ma vie au cheval. Puis plus tard est arrivée cette magnifique médaille par équipe en 1976 à Montréal avec cette grande équipe de France, et donc les 4 cavaliers français ont leur médaille d’Or chez eux. Moi je voulais en tant que cavalier aussi aller aux Jeux Olympiques et puis tenter ma chance pour décrocher le graal, mais malheureusement peut-être aurais-je été dans l’équipe, peut-être pas, les Jeux de Moscou ont été annulés. J’ai eu la chance que tous mes copains de l’équipe de France viennent me chercher en me demandant d’être leur entraîneur national et à travers eux j’ai réalisé mon rêve, mon rêve de médailles à Seoul en 1988, : une magnifique médaille de Bronze par équipe, donc 4 médailles de Bronze, autour du cou de 4 cavaliers, et puis cette fabuleuse médaille avec Jappeloup et Pierre Durand, médaille d’Or, et là j’y ai pris goût, c’était comme une sorte de drogue. Dès que je suis rentré de Séoul, le lundi matin je me suis mis au travail en me disant bon ben maintenant dans 4 ans, ce sera Barcelone, Barcelone médaille de Bronze par équipe, fantastique, ils se sont battus, on a battu les Espagnols d’1/4 de point, c’était fabuleux. Et le lendemain je me suis remis au travail pour les Jeux d’Atlanta et j’avais une cavalière française avec un très bon cheval Rochet Rouge M. J’étais aussi très fier d’être un collaborateur, un équipier de cette médaille d’Alexandra Ledermann, seule femme à avoir décroché pour la France une médaille d’or individuelle aux Jeux.

Alors Je suis obsédé par les Jeux, donc j’ai fais trois fois les Jeux avec trois fois des médailles.

Et le seul pourvoyeur de médailles d’or 

Entre autres, mais moi je me suis toujours fixé comme objectif d’avoir des podiums, après la couleur du métal que l’on gagne, ce n’est pas évident, il faut déjà monter sur le podium, et puis on essaie de gagner des places en équipe ou en individuel. Quand vous avez un bon comportement en équipe, en général c’est que vous avez un pilier de l’équipe, qui celui-ci devient potentiel médaille en individuel. C’est simple comme raisonnement.

Comment voyez-vous Rio ?

Les Nations préparent ces Jeux de la meilleure façon possible. Nous avons trois couples fantastiques, avec la meilleure cavalière du monde, Pénélope Leprévost et Flora, Simon Delestre, cavalier N°1 mondial avec Ryan, un cavalier qui est fabuleux, j’ai eu la chance de l’avoir dans une équipe Jeunes Cavaliers en 2000, Kévin Staut  médaille d’Or en Angleterre, et qui depuis cumule les places d’honneur. C’est un cavalier fabuleux avec Rêveur, cheval d’expérience, et puis après il appartient au sélectionneur de trouver le meilleur 4e et le réserviste.  (NDLR : ITW réalisée avant la choix de Bosty  et de Philippe Rozier en réserviste). Nous n’avons jamais eu un tel potentiel de couples dans une équipe.

A Séoul, il y avait Pierre Durand et Jappeloup, à Barcelone, il y avait Hervé Godignon avec Quidam de Revel et puis à Atlanta, il y avait Alexandra Ledermann et Rochet M, mais ce n’était pas écrit d’avance.

Patrick Caron aujourd’hui, entraîneur particulier ?

Après n’avoir eu qu’un seul élève pendant 14 ans qui s’appelait la France, j’ai choisi depuis 16 ans d’avoir plusieurs élèves de toutes les catégories. J’enseigne à des cavaliers, cavalières de 1m à 1,60 m, et j’en ai beaucoup, ça me fait très plaisir, j’ai toujours aimé dresser les chevaux, et j’ai toujours aimé transmettre ce que moi j’avais eu la chance d’apprendre, de comprendre, et c’est fabuleux, j’ai une vie extraordinaire.

Ma méthode consiste à observer, analyser et conseiller principalement sur les terrains de compétitions, parce que c’est quand même-là que l’on voit le mieux les problèmes et que je fais les meilleurs diagnostiques, et puis par ailleurs, durant les périodes où il n’y pas de compétitions, je me déplace dans des gros rassemblements de cavaliers-cavalières, dans les écuries particulières

Mon but c’est de suivre mes cavaliers sur une saison sportive. Ils savent qu’ils peuvent compter sur moi 365 jours sur 365. Je suis un anti gourou, j’essaie de leur donner de l’autonomie, en leur disant, apprenez à gagner seul avec votre cheval sans avoir besoin de moi. Là, c’est la plus belle des réussites quand on a plus besoin de vous.

Comment sentez-vous le commerce du cheval en ce moment ?

Il y a une dynamique mondiale qui est plutôt bonne, avec notamment une recherche de très grands chevaux pour les grandes échéances, JO, Monde, Continentaux, grands CSIO, grands 5*, là il y a un marché très dynamique, ensuite quand on revient dans les pays, dans les nations, je dirais dans la catégorie des chevaux en dessous d’1,30 m, il y a quand même une baisse d’activité. Je suis très, très respectueux, admiratif des éleveurs, parce que ce sont des choix, des investissements sur le long terme, 5, 7, 8, 9, 10 ans, pour avoir un élevage, une bonne production. Il faut les admirer, les respecter, et il faudrait les aider. Nos pouvoirs publics, je pense, ne sont pas conscients que l’équitation,  notre 3e sport national avec ses  700 000 licenciés officiels et plus d’1 million de personnes qui montent à cheval, est une activité sportive, économique, éducative et sociale d’une grande importance.

Les éleveurs disent qu’ils n’arrivent  pas à vendre « les petits chevaux » pour les  1,20-1,30 m et mettent souvent en cause la formation

Vous avez parfaitement raison, quand on vend un cheval pour faire 1,20 m, on le vend à un compétiteur, on ne le vend pas à un équitant qui fait du pas, du trot, du galop, ou qui apprend les mouvements classiques d’équitation dans un centre équestre. C’est un compétiteur, et donc si nous avons des centres équestres dont les enseignants ne sont pas capables de former des cavaliers compétiteurs, nous n’avons pas de système pour inciter les organisateurs à faire des compétitions de cette catégorie-là, et bien forcément il n’y aura pas de consommateur. Prenez l’exemple de n’importe quelle entreprise française, si elle n’a pas les bons produits, elle ne vendra pas. Donc pour nous, il faut créer une organisation, une attirance pour que nous ayons des compétiteurs sur 1m, 1,10 m, 1,20 m, 1,25 m, et que ces compétiteurs aient par rapport à leurs investissements, aient un plaisir, aient une satisfaction, donc des bons sites de concours, des coûts qui ne sont pas trop élevés et bien entendu des enseignants qui aient été formés ou qui sont, de façon permanente, mis à niveau pour former des cavaliers. Vous ne pouvez pas prendre un cavalier qui ait galop 3-4 et lui dire, tiens en 2 mois, tu vas aller faire des 1,10m-1,20 m. Il faut bien qu’il y ait des enseignants. La richesse d’un pays, c’est sa matière grise, et qui créé la matière grise ? Les enseignants. Donc il y a beaucoup de choses à voir. Avec des compétiteurs bien formés, les éleveurs pourront vendre les chevaux qu’ils ont sélectionnés pour ce sport.

Propos recueillis par Etienne Robert

 

 

05/08/2016

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