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Paroles de coachs

  • Ugo Provasi/Rafal de l'Eden
    Ugo Provasi/Rafal de l'Eden
  • Laurent Casanova
    Laurent Casanova
  • Jean Vesin
    Jean Vesin
  • Quentin Perney
    Quentin Perney
Ugo Provasi. Cavalier international en concours complet, Ugo Provasi coache également des cavaliers de niveau amateur 3 jusqu’au niveau pro dans ses écuries à Fontainebleau.

Ugo Provasi

Vous serez au Mans en juillet prochain ?
« Même si je concours principalement en haut niveau, je travaille avec une petite dizaine cavaliers amateurs qui concourent en saut d’obstacles et surtout en concours complet. Je pense emmener certains cavaliers au Mans en juillet surtout en concours complet car il s’agit de ma discipline de prédilection. L’idée de réunir le saut d’obstacles, le dressage, le complet et le hunter la même semaine est assez bonne. Malheureusement, mes cavaliers ne pourront pas participer aux championnats en cso et en concours complet et devront se concentrer sur une seule discipline. Ma seule inquiétude tient en l’espace dédié à chacun pendant une semaine : va-t-il y avoir assez de place pour tous les cavaliers ? Je suis un peu nostalgique des championnats à Pompadour mais on s’adapte. Le Mans est assez central et peut tout à fait convenir à ce type d’évènements. Peut-être aurait-il fallu réunir les trois disciplines olympiques la même semaine et les disciplines parallèles à un autre moment afin que chacun puisse travailler dans de bonnes conditions. J’espère que cet open amateur ne sera pas trop chargé ».

Quels conseils pour préparer un tel championnat ? 
« Selon moi, la préparation pour un championnat n’est pas différente de celle pour un concours amateur au cours de la saison. Le plus difficile, c’est la gestion du stress des cavaliers, réussir à ce qu’ils ne perdent pas leurs moyens aux championnats car il s’agit d’un « tour » comme un autre. Les chevaux seront prêts et la technique est acquise bien avant cette échéance même s’il reste encore quelques détails à régler car nous ne sommes qu’en avril. Mais nous préparons surtout les championnats sur les terrains de concours week-end après week-end ». 

Comment allez-vous préparer cette échéance avec vos cavaliers ?
« Ils travaillent tous régulièrement avec moi sur le plat et sur les obstacles. Malheureusement, il existe peu d’endroits permettant de répéter ses gammes en cross c’est la raison pour laquelle j’insiste sur l’importance des concours qui donnent l’occasion de s’exercer sur les obstacles fixes. Nous avons tout de même la chance de bénéficier de la proximité de la forêt de Fontainebleau qui nous permet de partir en trotting, réaliser quelques galops afin de parfaire la préparation des chevaux que nous sélectionnons avec beaucoup de sang et doté d’un bon système cardiaque tels que les anglo-arabes. Côté cavaliers, je ne gère pas spécialement leur préparation mentale, mise à part la gestion du stress en compétition. J’essaye de les connaître le mieux possible et je fais en sorte qu’ils changent le moins de choses possible le jour J. Cela leur permet d’avoir le plus de repères afin de performer ».

Laurent Casanova

À la tête de la commission fédérale de hunter depuis cet été et, entre autre, enseignant en hunter, Laurent Casanova évoque la place de cette discipline au sein de l’Open Amateur.

« Je suis totalement pour cette mixité. Cette nouveauté fédérale est très intéressante car je considère que l’équitation est multi disciplines et il est important d’acquérir des choses dans différentes disciplines pour améliorer celle dans laquelle on souhaite performer. Ce championnat doit réussir le pari de dissocier chaque discipline tout en conservant un niveau de difficulté identique. Le saut d’obstacles correspond à la discipline reine en France et parfois le hunter peut être délaissé car nous avons besoin de matériel spécifique notamment pour les obstacles qui doivent être massifs ou techniques. Ce n’est pas évident mais il s’agit d’un championnat et on se doit d’être à la hauteur d’un tel niveau en proposant un parcours digne de ce nom. D’autant que si nous parvenons à réunir 300 cavaliers dans notre discipline, nous aurons remporté tous les défis ! Mais ce n’est pas du tout évident ». 

Votre idée sur ce format ? un défi ? 
La principale interrogation qui peut se poser concerne la date car l’Open Amateur se situe entre deux opens. Beaucoup d’enseignants avaient prévu une semaine de repos entre les deux, chose qui ne sera pas possible s’ils se rendent au Mans. Ce nouveau championnat correspond à un essai et tous les projets rencontrent des problèmes. Mais la fédération française d’équitation propose de nouveaux circuits, un nouvel objectif pour les clubs. L’initiative est à saluer. Mais cela reste un défi et il est impératif que ce championnat soit d’un niveau supérieur à celui du championnat à Lamotte-Beuvron. 

Des conseils aux cavaliers de hunter ? 
S’exercer en concours en suivant le circuit de sa région pour répéter ses gammes évidemment. Mais cela dépend de votre localisation. Le circuit National Style et Équitation reste celui qui prépare le mieux possible car il est composé de plusieurs étapes situées un peu partout en France et est organisé par de nombreux professionnels de la discipline. Il s’agit du haut niveau du hunter. Il ne faut pas oublier pour autant le travail à la maison en utilisant par exemple les exercices proposés sur www.ffe.com. Le dressage du cheval est très important en hunter, j’invite donc chaque cavalier à travailler les abords, les trajectoires, encore et encore. Ne pas oublier la préparation mentale qui permet d’obtenir de meilleurs résultats. Je l’intègre systématiquement dans les formations que je propose. On peut par exemple se remémorer les bonnes séances de travail, les bons moments, rester dans le positif afin d’arriver à son objectif final. Les étirements et les mises en souffle ne doivent pas non plus être négligés.

Jean Vesin

Installé en Mayenne depuis deux ans, Jean Vesin travaille notamment avec Vladimir Vinchon, cavalier amateur en handisport qui rentre du CPEI 3*de Deauville avec une médaille d’or.

« Je trouve que l’idée est fabuleuse car j’ai déjà participé à des concours internationaux regroupant toutes les disciplines olympiques et je trouvais cela très intéressant car les cavaliers peuvent ainsi se mélanger et chacun ne reste pas dans son coin. Cela permet également de mettre un peu d’ambiance lors des concours car parfois les compétitions de dressage peuvent devenir vite tristes. La mixité des disciplines apportera du dynamisme ! Au sein de mon écurie, Vladimir Vinchon concourra sûrement en juillet au Mans s’il est qualifié. Mais cela dépendra du calendrier et de la compatibilité avec son planning car il souhaite participer aux championnats du monde ». 

Quel programme pour la préparation d’un tel championnat ? 
« Je conseille notre format d’entraînement c’est-à-dire deux cours par semaine en ajoutant une compétition toutes les trois semaines. Si les sessions de travail sont trop rapprochées, nous n’avons pas le temps de retravailler derrière. Si elles sont trop éloignées, le couple cavalier/cheval ne se trouve plus dans une dynamique d’enchaînement. Il s’agit d’un programme que j’applique pour tous mes cavaliers, qu’ils soient amateurs ou professionnels. En parallèle de ce travail, je conseille aux cavaliers de monter leur cheval entre 4 et 6 fois par semaine. Cela permet de ne pas fatiguer ni blaser les chevaux qui vont également au paddock régulièrement ». 

Préparation physique et/ou mentale particulière ?
« Malheureusement, l’équitation est un sport où les cavaliers s’occupent assez peu d’eux-mêmes. Charlotte, qui monte en Grand Prix, travaille avec un préparateur physique. Cela permet de conserver un poids de forme en adéquation avec sa monture et de ce fait, d’être performant. Cela est d’autant plus vrai en haut niveau. Pour les cavaliers amateurs, je conseille de pratiquer un sport en parallèle de la pratique de l’équitation comme la course à pied. Notre système de travail fonctionne assez bien au niveau national alors c’est vrai que j’insiste pour que mes cavaliers suivent et adhèrent à notre façon d’entraîner. La préparation mentale ne doit pas non plus être négligée. A l’époque où je montais en Grand Prix, j’ai dû faire appel à ce type de coaching car je me mettais beaucoup trop de pression avant d’entrer en piste. L’année dernière, aux Jeux olympiques de Tokyo, l’équipe de France de para-dressage était encadrée par un coach mental. Je trouve cela très bénéfique ».

Les chevaux ont également leur rôle à jouer dans la performance ?
« Tout à fait ! Je considère que n’importe quel cheval peut performer jusqu’en épreuve de niveau Amateur 2. Car si ce dernier est dressé correctement et que le cavalier monte proprement, il n’y a pas de raison d’obtenir un mauvais résultat, même si la monture n’est pas dotée d’allures fantastiques. A partir du niveau amateur 1, cela devient un peu plus compliqué car les chevaux sont bien souvent beaucoup plus aériens et expressifs. Mais l’objectif du dressage reste de présenter un cheval dressé qui ne fait pas de faute pendant la reprise. Si vous avez un cheval exceptionnel qui commet quatre fautes, vous serez à coup sûr derrière un couple moins expressif mais sans faute sur le rectangle ». 

Quentin Perney

Avec plus de vingt ans d’expérience dans la conception de parcours, Quentin Perney n’en sera pas à son coup d’essai au championnat Open amateur en juillet pour lequel il officiera. 

Que vous inspire ce nouveau format ?
« Le rassemblement de quatre disciplines au Mans est une très bonne idée car cela va créer une ambiance. C’est une initiative intéressante car tout le monde aura l’occasion de se nourrir des échanges. Ces mélanges sont bénéfiques car chaque discipline possède ses spécificités et il y a beaucoup à apprendre des autres « mondes », qu’il s’agisse des cavaliers mais aussi des techniciens. J’apprécie par exemple échanger avec les chefs de piste du cross qui possèdent le même objectif que moi, c’est-à-dire faire sauter les chevaux en alliant technique et sécurité. Ces discussions ouvrent des perspectives pour observer de quelle manière ils abordent cela au sein d’un parcours de cross. Je pense que c’est une véritable chance de pouvoir se nourrir de ces échanges. Et le championnat Open Amateur en sera l’occasion ». 

Comment allez-vous aborder votre rôle en tant que chef de piste ?
« Étant chef de piste international level 3 installé au Lion d’Angers, j’ai de moins en moins l’occasion de créer des parcours pour les amateurs. Mais il s’agit d’un bel objectif pour les cavaliers. L’idée est très sympa car cela va créer une certaine émulation. La différence avec ce que l’on connaît habituellement, c’est qu’on assiste à une compétition beaucoup plus ouverte. Auparavant, il était nécessaire de se classer dans les meilleurs pour pouvoir espérer participer aux championnats. Aujourd’hui, la jauge est un peu plus large. D’ailleurs, on ne parle plus de « championnat de France ». En tant que chef de piste, je vais devoir jouer un véritable numéro d’équilibriste. La première épreuve fera office de test afin de pouvoir jauger le plateau pour ensuite adapter les parcours. Le but d’un championnat est de départager les meilleurs sans écœurer les autres. Je vais devoir créer des épreuves d’un niveau suffisant (cote des obstacles, matériaux utilisés, etc.) pour mettre au défi les plus expérimentés sans pour autant décevoir les moins bons cavaliers qui ne parviendraient pas par exemple à terminer le parcours ».  

Un conseil à donner aux compétiteurs ?
« Il va falloir qu’ils participent à des épreuves un peu plus difficiles et exigeantes pour être affûtés pour le jour J. Car il doit y avoir une différence entre le championnat et les concours du reste de l’année. Il faut que les cavaliers aient l’impression de participer à une épreuve différente de ce qu’ils ont l’habitude de tester au cours de la saison. Chaque catégorie courra sur trois, quatre jours ce qui demande une certaine endurance pour les chevaux et les cavaliers. Pourquoi ne pas participer à des concours sur plusieurs jours afin d’habituer les chevaux à répéter les parcours ? Je connais bien la piste du Mans car j’y officie depuis un moment alors je vais faire de mon mieux pour créer des parcours suffisamment subtils sans tomber dans l’insurmontable ».

15/04/2022

Actualités régionales