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Où l'on reparle du stud-book CSAN

  • Patrice Boureau (© Emmanuel Jeangirard)
    Patrice Boureau (© Emmanuel Jeangirard)
Le stud-book du Cheval de Sport Anglo-Normand est sur le point de revivre. Après des années de latence, ce livre généalogique voulu et acquis de haute lutte par feu Fernand Leredde et son secrétaire de l'époque Philippe Martin, le CSAN, Selle Français ancienne formule refait surface, porté par Patrice Boureau, un des initiateurs du projet et Ludovic Aguogé, un éleveur de la région de Troyes.

Créé en 1950 puis intégré dans le stud-book SF en 1958, le stud-book CSAN a été réouvert le 27 Mai 2015, date de la publication de son règlement au journal officiel (voir encadré).

Tombé dans l'oubli après la disparition de Fernand Leredde, il est remis à l'ordre du jour par un de ses ardents partisans, Patrice Boureau. Le naisseur du crack Orient Express*HDC, vice champion du monde à Caen en 2014, s'exprime ici et dit pourquoi il tient tant à la renaissance de ce livre normand.

" Il y a quelques années de ça, Fernand Leredde était encore bien vaillant, bien disponible, Papillon Rouge était chez moi, c'est lui qui me l'amenait pour le prélever quatre fois par semaine, et nous avons eu le temps de parler et de nous connaître. Je n'ai jamais été un fan sans conditions des étalons étrangers. Pour plusieurs raisons : j'étais allé aux expertises du Holstein il y a une trentaine d'années et il m'avait semblé, malgrés mes maigres connaissances, que leurs chevaux n'étaient pas meilleurs que les nôtres. En revanche, ils n'étaient pas du tout du même modèle, beaucoup plus brillants en allure et en prestance, typiquement Allemands, dans le sens où les Allemands ont toujours aimé la parade. J'ai pu constater qu'ils étaient très bien organisés, avec une bonne communication, pour affirmer que ce qu'ils avaient était le meilleur. Il m'a semblé que la différence n'était que là. "

Kannan, l'exception

" J'ai eu quelques très bons étalons dans mes installations (Laudanum, Quick Star, Papillon Rouge, Rion D'Anzex), plus tard j'ai aussi commercialisé les étalons Kannan et Capital.

Le premier était un excellent cheval avec une toute bonne tête même si commun dans son modèle et manquant de chic. Ce sont des caractères que l'on peut améliorer assez vite.

Capital m'a fait comprendre qu'il fallait être très prudent avec les étalons étrangers... C'est ce principe de prudence qui a été négligé et nous met dans ce domaine -

comme dans bien d'autres - à la remorque de l'Allemagne. Quand on côtoie tous les jours un grand cheval, on le sent différent des autres. Ce fut le cas pour les premiers. J'ai continué à promouvoir Kannan jusqu'à ce qu'il soit vendu, tout en mettant en garde ceux qui amenaient des juments qui à mon sens ne lui correspondaient pas. Le nombre n'a jamais fait la qualité et peut souvent tromper.

A cette époque là il y a eu une envolée vers le sang étranger, suite il faut bien le dire à un battage publicitaire d'enfer. Les gens qui achètent les saillies ne sont pas forcément de grands connaisseurs et font confiance - on ne peut pas les blâmer non plus - à ceux qui vendent les semences parce qu'on n'imagine pas que ces derniers pourraient vendre la semence d'un cheval qu'ils n'ont jamais vu... Et ça a tellement bien marché que là, ce matin, j'ai reçu un important catalogue d'étalons où je cherche les chevaux typiquement Selle Français (ancienne formule). Par contre je vois pléthore de chevaux que personne ne connaît et que personne ne connaîtra jamais non plus… C'est la loi du commerce. Il est clair qu'avec la disparition des Haras Nationaux l'objectif n'est plus le même. Ce n'est plus un type de cheval, ce n'est plus la réussite d'une équipe, par le biais d'un élevage caractéristique de son pays - dont les bases avaient été jetées il y a 150 ans - que l'on cherche. C'est une réussite immédiate et individuelle qui passe par l'argent sans nécessairement obligation de résultat ! "

Contre personne

" Avec Fernand, nous avions évoqué la possibilité de faire, non pas quelque chose contre les autres, mais quelque chose de particulier qui serait un peu un "conservatoire" dans lequel les gens se rendant compte qu'ils ont fait fausse route pourraient venir puiser. C'était le stud-book du cheval Anglo Normand (CSAN).

A l'époque, en 2015, je n'avais que peu de temps, et Fernand était président. il y a eu un petit bureau, mais tout le monde a quitté le navire après la mort de Fernand. C'est cette idée avec quelques éleveurs, dont Ludovic Aguogé, que nous voulons relancer.

Je n'ai pas de prétention, mais j'essaierai de faire savoir qu'il existe autre chose, même si j'ai bien conscience que la part de Selle Français pouvant intégrer ce stud-book qu'est le CSAN est devenue infime. Nous demanderons à l'IFCE de recenser le cheptel en juments et en étalons susceptible de produire en CSAN, parce qu'il n'est pas question de raconter la messe aux gens et de leur dire inscrivez vos produits au CSAN si il n'y a que deux étalons et quatre juments. La tâche est ardue et nous accueillerons volontiers ceux qui veulent nous rejoindre dans l'esprit où le CSAN fut créé, c'est à dire "contre personne". Ce sera long mais nous avons quelques avantages - un modèle et un caractère fixé - par rapport à tous ceux qui hybrident à tout va depuis deux décennies des modèles et des caractères différents. Orient n'avait rien à voir avec un Holsteiner, il avait pourtant un peu de qualité. S'il est vrai que le protectionnisme n'est pas toujours la meilleure formule, il est non moins vrai que jeter le bébé avec l'eau du bain ne mène pas loin non plus. Je passe sous silence le fait que pour vendre des chevaux aux étrangers, il faut vendre ce qu'ils ne produisent pas. "

ER

Données SIRE à la date du 26 février 2019

9 immatriculations enregistrées en 2017 (14 en 2016)

103 juments saillies pour produire du cheval de sport Anglo-Normand en 2018 (84 en 2017)

11/02/2022

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