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La préparation mentale : pourquoi ? comment ?

  • Marie Caucanas
    Marie Caucanas
Marie Caucanas, psychologue clinicienne, spécialisée dans la préparation mentale des cavaliers, tiendra à compter de ce numéro une rubrique dans laquelle elle expliquera les mécanismes et les bienfaits d’une telle préparation. Son expertise, elle la tient de son métier et de son travail avec des cavaliers de tous niveaux et de toutes disciplines.

Formations

Il n’y a pas de formation diplômante reconnue par l’Etat pour devenir préparateur mental. 

En ce qui me concerne, cela a donc été une construction, une élaboration longue, nourrie de mes différents diplômes :

• Psychologue clinicienne (DE)
• Enseignante en équitation (DE)
• EM Lyon (Master)
• Hypnothérapeute certifiée EFH 

mais également de mes rencontres avec différents chevaux, différents instructeurs, beaucoup d’observation, de mon expérience de cavalière amateur à cavalière évoluant sur le circuit professionnel. C’est avec une jument très sensible et peureuse que j’ai atteint le haut niveau. J’ai 17 ans et étudiante lorsque j’accueille Frileuse Royale, cette jument de 5 ans. La confiance s’installe lors de moments d’échanges, souvent silencieux, des moments de soins sans pour autant lui imposer de selle ou de cavalier. Je comprendrai plus tard que c’était dans ces moments où je ne lui demandais rien, ou plutôt si, d’accepter que je passe du temps avec elle, puis de m’accepter, que j’arrive à percevoir son caractère profond et comprendre son vécu. Alors j’ai dû déconstruire pour reconstruire dans la confiance. Le résultat est que nous avons tourné pendant quatre années sur le circuit professionnel, tout en poursuivant mes 5 années d’étude pour devenir psychologue. 

Cette expérience de cavalière m’a bien sûr marquée et a influencé ma pédagogie dans l‘enseignement mais aussi auprès des cavaliers lors des séances de préparation mentale. 

La psychologie et la préparation mentale 

Pour mieux comprendre mon travail et sa spécificité, il faut commencer par comprendre la différence entre psychologie et préparation mentale :

La psychologie n’est pas de la préparation mentale. Mais pour moi, la psychologie est le départ de tout, car c’est la connaissance approfondie du fonctionnement psychique normal et pathologique de l’humain. J’en profite pour rappeler ou informer sur le fait que psychologie ne veut pas dire maladie. Nous avons tous un fonctionnement psychique, donc nous sommes tous concernés par la psychologie.  

La maladie c’est la pathologie. Bien sur elle existe aussi au niveau mental mais c’est une branche de la psychologie, à laquelle nous nous formons et qui s’appelle psychopathologie. 

Mon métier de psychologue m’amène à recevoir des patients quotidiennement, ce qui me permet de rester aussi dans la clinique : la clinique pour moi est la clé pour être au plus près des sportifs.   

La préparation mentale, elle, consiste à travailler avec des outils, comme l’imagerie, la respiration, les routines, la sophrologie ou encore l’hypnose.  Dans cette partie du travail, je suis orientée solution et résultat. 

Mes années d’expériences auprès des cavaliers de tous niveaux, me confirment que sans psychologie, il n’y a pas de préparation mentale. 

 

Les cavaliers me consultent souvent, au départ, pour de la préparation mentale. Ils sont alors agréablement surpris de découvrir ce qu’est un suivi / soutien psychologique et le conjuguent avec la préparation mentale. Ils apprécient de comprendre comment ils fonctionnent. C’est un plus dans leur vie quotidienne. 

Leur avantage est simple : avec les séances en psychologie ils travaillent leur base, leur socle émotionnel, personnel. Ensuite, quand nous avons la disponibilité psychique, nous passons à la préparation mentale donc aux outils. 

Cette double préparation est cruciale pour les cavaliers car les émotions, les crispations, le stress sont transmises directement au cheval et affectent les chevaux dans leur qualité.  

Le cadre 

Je garantis également un cadre. En tant que psychologue, nous avons un statut réglementé et nous sommes soumis à un code de déontologie. C’est ce cadre que je garantis aux  personnes qui viennent me consulter : un accompagnement qui respecte la personne dans son intégralité, d’avoir une connaissance parfaite et approfondie du fonctionnement humain, de travailler avec une éthique et le secret professionnel. Je préserve l’intégrité et accompagne vers un mieux être et vers l’autonomie. Et pour les cavaliers, je travaille la symbiose avec leur cheval. 

Voilà pourquoi et comment j’ai créé ma méthode : #L’ÊtreCAvalier. Elle est fondée d’abord sur la psychologie, sur l’humain dans sa complexité. 

La préparation mentale permet l’utilisation d’outils. 

Et mon expérience de cavalière me permet de comprendre parfaitement les problématiques. Nous parlons le même langage et cela me donne une légitimité auprès des cavaliers.  Je connais la compétition, les enjeux, le stress, le succès et l’échec. Cela me permet de proposer cet encadrement unique. 

Les cavaliers

Les cavaliers me contactent avec des demandes conscientes puis je comprends la demande inconsciente, s’il y a en une. Je m’attache à comprendre le fonctionnement psychologique de l’autre, l’autre dans sa singularité mais aussi dans son contexte environnemental. En tant que psychologue, je travaille avec mon ressenti pour savoir ce qui est en écho chez moi et ce qui appartient à l’autre, cela afin de ne pas projeter sur l’athlète ce qui est de l’ordre de mes propres représentations. Je pose alors mon diagnostic, puis, j’établis mon protocole, entre séances de psychologie, préparation mentale ou les deux.  

Presentation d’un cas 

Voici une situation où la psychologie a primé sur la préparation mentale : une cavalière de très bon niveau m’a contactée, me disant qu’elle n’avait pas confiance en elle. Elle était en attente de solutions axées préparation mentale. Lorsqu’elle a compris, après plusieurs séances, que ce n’était pas ce dont elle avait besoin, c’est un suivi psychologique qui s’est enclenché. C’est en traitant cet aspect d’ordre psychologique (un conflit psychique léger) qu’elle a performé à cheval ensuite.  Donc elle a ressenti un bien-être global, a pris confiance en elle et cela l’a amenée à atteindre ses objectifs. En préparation mentale, je lui ai créé des routines spécifiques. Cela la structurait mentalement en lui donnant des repères pour gérer ses émotions. C’est précisément ce dont elle avait besoin. Elle a gagné en autonomie car c’est une évolution profonde qui s’opère dans ce cas-là. 

Ces cavaliers comprennent que c’est un investissement sur eux, qui peut demander du temps mais qui est acquis à vie. Ensuite, ils se connaissent et me contactent en fonction de leurs besoins, de leurs compétitions, championnats.  

Ensuite, il faut bien garder en tête que l’impact n’est pas le même si vous faites un suivi régulier ou si vous ne consultez que ponctuellement ou pour des échéances. 

Pourquoi ?  

Car pour la psychologie, peu importe qu’il s’agisse d’un soutien ou d’une thérapie, c’est un accompagnement régulier qui permet de remonter plus vite lorsqu’il y a un problème personnel ou professionnel. Quand on ne consulte que lorsqu’il y a un problème, il faudra plus de temps pour revenir à un équilibre au niveau mental.  

Pour la préparation mentale, accompagner les sportifs de manière régulière sur des fréquences que l’on définit ensemble, permet l’automatisation. L’impact est alors bien meilleur pour l’athlète qui va savoir s’approprier suffisamment les outils.

Marie Caucanas 

 

10/06/2021

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