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Jean-Louis Gouraud chevalier sous la Coupole

(en ligne le 14 novembre 2008) La prestigieuse Coupole de l’Institut de France, quai de Conti à Paris, a été vendredi 7 novembre au soir le cadre, l’écrin pourrait-on dire, d’un événement très chevaleresque : la remise de la décoration des Arts et Lettres à Photo 1 sur 1
notre ami l’écrivain équestre Jean-Louis Gouraud

Magnifique bâtiment érigé en face du Louvre, de l’autre côté de la Seine, l’Institut de France abrite les cinq fameuses académies, dont l’Académie française créée par Richelieu, l’Académie des Sciences, l’Académie des Beaux-Arts, etc. Le 7 novembre, il abritait une sympathique cérémonie réunissant hommes de lettres, savants, artistes… et hommes de cheval.
L’écrivain Dominique Fernandez (Prix Médicis en 1974, Prix Goncourt en 1982, admis sous la Coupole en 2007) accrochait en effet ce soir-là les insignes des Arts et Lettres conjointement à l’éditeur suisse Pierre-Marcel Favre (au grade d’officier), créateur du Salon du livre de Genève et éditeur de la collection ‘‘Caracole’’ que dirige Jean-Louis Gouraud… et à ce dernier (au grade de chevalier).

Dans la foule des amis venus assister à la cérémonie, agréablement entrecoupée des prestations au violon d’un jeune virtuose russe, Fédor Roudine, on pouvait reconnaître, outre des personnalités du monde de l’édition (entre autres Alain Kouck, PDG du Groupe Editis; Marie-Claude Brossolet, dirigeante des Editions Belin; Marc-André Wagner, secrétaire général du Centre national du livre; Béchir Ben Yahmed, fondateur et président du Groupe Jeune Afrique; l’éditeur de presse René-Charles Millet), quelques stars du monde du cheval (entre autres l’écuyer chorégraphe Bartabas; l’écuyère Laure Guillaume, de l’Académie du spectacle équestre de Versailles; le colonel Jean-Louis Salvador, ancien commandant du régiment monté de la Garde républicaine; le journaliste hippique de TF1 Jean-François Pré; la championne Adeline Wirth; l’ancien directeur des Sports équestres militaires Guy de Labretoigne; l’écuyer Alexandre Gros; le créateur de la chaîne Equidia, Claude Esclatine; Joël Farges, réalisateur ‘‘Serko’’), ainsi que diverses personnalités (Tomas Olrich, ambassadeur d’Islande en France; Bertrand-Pierre Galey, directeur général du Muséum national d’histoire naturelle; Jean-Pierre Digard, du CNRS; la productrice Catherine Dussart; Jean-Paul Chauffour; les écrivains Alexandre Jardin, Jean-Noël Marie, Pierre Péan, Jean-Loup Trassard) et de très nombreux confrères de la presse suisse et française (Jean-Louis Andréani, Yves Bruezière, Antoinette Delylle, Laurent Desprez, Guillaume Henry, Vincent Lasseret, Marie-Laure Peretti, Antoine Poupel, Marion Scali, etc).

Nous reproduisons ci-dessous les deux discours prononcés à cette occasion :

L’hommage de Dominique Fernandez. « Monsieur, je dois commencer par vous faire un grave reproche. Quoi ! Vous êtes allé naguère de Paris à Moscou, à cheval, vous avez fait 3 333 km, sur un cheval, et vous n’êtes même pas capable, aujourd’hui, de venir de la rue Duguay-Trouin, dans le 6e arrondissement de Paris, au quai de Conti, dans ce même 6e arrondissement, autrement qu’à pied ! La cour de l’Académie française est revêtue de magnifiques pavés, et j’espérais bien les entendre résonner sous les fiers sabots de votre monture. Pourquoi avez-vous manqué cette occasion de nous démontrer vos brillantes qualités de cavalier, vous, dont l’œuvre, toute la vie sont dédiées à la culture équestre ? On continuera pourtant à vous aimer, et à partager avec vous cette passion que vous avez su nous communiquer, à travers vos propres livres ou ceux que vous avez fait éditer - souvent par votre ami Pierre-Marcel Favre.
Publier les premiers livres de Bartabas, des rééditions de textes introuvables (Buffon, Kleist), des monographies de peintres de chevaux, tels le Russe Nikolaï Svertchkov, l’Anglais Stubbs ou encore ce jésuite italien qui alla peindre des chevaux pour les empereurs de Chine, Giuseppe Castiglione, voilà quelques-unes de vos contributions à la culture équestre. Vous avez remis sous nos yeux l’admirable nouvelle où Tolstoï fait parler un cheval à la première personne, et ce cheval, Kholstomer, porte sur la société des hommes des jugements plus implacables que ceux de Marx ou de Cioran.
Je n’ai garde d’oublier le beau film ‘‘Serko’’, où vous racontez l’aventure de ce cosaque de 17 ans, Dimitri Pechkov, qui, à la fin du XIXe siècle, parcourut à cheval, dans la neige, le froid et la solitude, les 9 000 km qui séparent la Sibérie de Saint-Pétersbourg, exploit réputé impossible.
Décidément, Monsieur, vous êtes aussi un grand défenseur de la culture russe, et nous avons bien besoin de gens comme vous pour lutter contre l’image scandaleusement négative que les médias occidentaux propagent de la Russie. Votre amour de ce pays vous a inspiré la plus extraordinaire de vos Å“uvres : la restauration du cimetière des chevaux impériaux, au fond du parc de Tsarskoye Selo. Alexandre Ier avait une affection particulière pour le cheval sur lequel il était entré à Paris, en 1815. Son frère Nicolas Ier fit construire pour lui un hôpital, puis un cimetière, où vinrent prendre place à sa suite tous les chevaux qui s’étaient illustrés à la cour des tsars. Les Soviétiques avaient laissé cet endroit à l’abandon, vous l’avez retrouvé sous les mousses et les ronces, vous vous êtes donné toute la peine nécessaire, vous avez sauté - cavalièrement - les obstacles bureaucratiques et financiers pour le faire remettre en état; aujourd’hui, grâce à vous, on peut admirer, avec leur nom et leurs dates inscrits en lettres d’or, les tombes chevalines alignées superbement. Plus que tout autre, Monsieur, vous qui combinez l’amour du cheval et l’amour de la littérature et des arts du cheval, vous méritez d’être nommé cheval-ier des Arts et des Lettres. »

La réponse de Jean-Louis Gouraud. « N’étant pas un orateur, je ne ferai pas de discours. Je formulerai juste quelques remerciements.
A Dominique Fernandez, d’abord, qui vient de vanter ma culture équestre, ce qui est d’autant plus méritoire de sa part qu’il ne connaît pas grand-chose aux chevaux ! Je me demande même s’il sait en distinguer l’avant de l’arrière, ce qui n’a d’ailleurs pas grande importance, puisque cet animal est, comme chacun sait, dangereux à l’avant, dangereux à l’arrière et inconfortable au milieu !
A Pierre-Marcel Favre, ensuite, qui a bien voulu m’inviter à créer, voici plus de vingt ans, une collection, ‘‘Caracole’’, entièrement et exclusivement consacrée au cheval, à l’équitation et à l’hippologie. Il lui a fallu parfois endurer des moments difficiles : lorsque j’ai inclus dans ma collection des ouvrages certes importants mais pas vraiment « grand public », tel que ‘‘Le cheval et son harnachement dans l’art indien’’, dont on a dû vendre, à tout casser, 37 exemplaires. Et pourtant, on découvre dans cet ouvrage fondamental que l’étrier, qu’on croyait apparu autour du VIIe siècle, existait déjà au sud de l’Inde au Ier siècle de notre ère !
A Marc-André Wagner, intrépide gentleman-rider, germaniste distingué et actuel secrétaire général du Centre national du livre. C’est lui qui, ayant constaté que j’avais publié, en vingt ans, une bonne centaine de livres sur le cheval, a pensé que cela méritait récompense, et en a persuadé le ministre de la Culture de l’époque, M. Donnedieu de Vabres, qui m’a fait chevalier des Arts et des Lettres en janvier 2006 - décoration qui vient de m’être remise par l’Académicien Dominique Fernandez.
A ceux, enfin, par qui j’aurais dû commencer : mes chevaux - Loch Ness et Jumping, Prinz et Murat, Robin et Prince-de-la-Meuse, Utin-royal et Tadjik -, qui m’ont beaucoup apporté, qui m’ont porté et, surtout, m’ont supporté. »

Etienne Robert

06/11/2008

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