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Haras des Brimbelles : cap sur le haut niveau

Tout Fontainebleau bruissait de la décision du haras des Brimbelles de vendre ses chevaux d’élevage. Guy Schumacher en explique ici les raisons.


« Il y a plus de 10 ans nous avons initié une démarche qui consistait à imaginer, à monter des choses nouvelles et parmi ces choses nouvelles il y avait l’idée de faire un labo qui soit agréé pour insémination, transfert, recherche sur la conservation d’embryons. Ainsi sont nés les premiers poulains, et puis on a complété notre bibliothèque génétique en allant chercher des jeunes chevaux, des poulains, des foals dans les grands studbooks européens. On a décidé de constituer une bibliothèque, et de pratiquer ce qui existe depuis l’aube du monde, le mélange de sang, pour tenter de garder les caractères dominants qui nous intéressent. Voilà comment l’élevage progressivement a grandi. Dans le même temps notre fils Titouan grandissait et il a découvert que les chevaux, c’était sa vie. Il est aujourd’hui pleinement au haras et il s’en occupe. Il est cavalier et ça a l’air de se passer pas mal pour lui, et en tout cas il est motivé. Pour nous, il est important de l’aider, de l’accompagner, dans une démarche d’excellence de pilote professionnel. Et ça, c’est appuyé par une collection de petits poulains qui ont grandi, qui ont aujourd’hui 5 ans, 7 ans et 8 ans pour les plus âgés, qui constituent son « vivier ». Vivier qu’on conservera dans son intégralité. Mais c’est encore un piquet d’une quarantaine de chevaux qui va constituer la base de cette écurie de compétition en devenir ».


Tous les chevaux d’élevage seront vendus ?


« On ne peut pas tout faire à la fois, par contre ce dont on dispose, c’est d’un savoir-faire pour les classes d’âge entre 0 et 3 ans. Et comme on ne veut pas faire...comme les autres peut-être, comme ce qui se pratique habituellement, c’est à dire des ventes (on garde les meilleurs et puis on vend les autres) on s’est dit : on va jouer à un jeu nouveau, on va tout vendre mais on ne va pas le proposer n’importe comment. On va le proposer en préparant les chevaux à notre manière, c’est à dire par une préparation assez longue, qui a deux buts, et un troisième dérivé. Les deux buts étant de développer le cardio, comme on le fait d’un jeune sportif humain, et le deuxième c’est développer la musculation comme on le fait pour de jeunes sportifs humains. Ces chevaux, on va les montrer chez nous au haras des Brimbelles le 6 octobre. On verra des jeunes chevaux comme on ne les voit pas ailleurs, et sur lesquels on va pouvoir porter un jugement comme on ne le porte pas ailleurs. On fera également ce qui se fait dans le monde en général mais que le monde du cheval a du mal à assimiler, c’est du marketing. Alors, le mot marketing c’est un gros mot quelquefois, parce que les gros marchands de chevaux ils ne font que ça, du marketing, et nous éleveurs, on ne fait jamais du marketing. Entre jamais de marketing et trop de marketing on va essayer d’inventer un marketing intelligent, qui explique ce qu’on est en train de proposer ».


Présentation


aux Brimbelles,


vente à Deauville


« Le marketing c’est un dessin avec un dessein. On va faire pareil avec les chevaux, et dans ce marketing il y a quoi ? Eh bien on va désolidariser la présentation des chevaux de la vente des chevaux. Cela ne se fait jamais ! Et dans le marketing on va faire quoi ? On va faire appel à une vraie marque, qui offre des garanties, qui a pignon sur rue, c’est Arqana. Arqana qui n’a jamais vendu de chevaux de sport mais qui a été convaincu par notre démarche et notre niveau d’exigence. Arqana apporte son savoir-faire, son intelligence, son exigence : je n’apporte pas tous mes chevaux « comme ça », je demande un niveau d’exigence qu’aucun vendeur de cheval particulier ou collectif n’exige. Et dans le marketing qu’on apporte aussi en accompagnant les chevaux, il y a tout un accompagnement d’un plan media pour le faire savoir ».


Qu’est ce qui va se passer le 6 octobre ?


« Au haras des Brimbelles, qu’on aura réaménagé, qui sera pimpant et joli, on va présenter tous nos chevaux à l’obstacle. On va présenter les 2 et 3 ans à l’obstacle. On va présenter, pas à l’obstacle mais dans une configuration qui permettra de les juger, les 1 an et nos foals. Ce sont des vrais professionnels qui vont nous les présenter, c’est Kamel Boudra qui commentera ces opérations. On fera une vidéo qui va être immédiatement mise en ligne dès le 6 au soir. Les gens qui n’auront pas pu se déplacer vont pouvoir en ligne regarder ces chevaux. Le 8 octobre les chevaux seront emmenés chez Arqana à Deauville et les gens pourront les voir simplement en main le 9, le 10 et jusqu’à la vente et le 10 à 18 h ils vont les uns et les autres se succéder sur le ring d’Arqana ».


Combien de chevaux seront mis à la vente ?


« Ça fait 48 chevaux dont 43 sont des foals, 1an, 2 ans et 3 ans. On y a ajouté quelques chevaux d’âge comme le 7 ans Chimène Brimbelles. On garde 35 chevaux pour le haut niveau. Ce sont les chevaux de plus de 4 ans. En majorité ces sont des chevaux très jeunes ».


Votre activité d’élevage est-elle conforme à ce que vous aviez imaginé au début ou est-ce un virage que vous avez pris en raison du contexte économique ?


« Non, c’est un acte volontaire, qui est dicté par ce que j’ai déjà évoqué, c’est-à-dire l’évolution de Titouan, qui est dictée aussi par ce que j’observe. Il s’avère que j’observe que dans cette filière, qui est une filière de passionnés où il y a de multiples savoir-faire, les éleveurs sont globalement des gens spoliés, peut-être ne savent-ils pas comment individuellement ou collectivement s’organiser pour mettre en valeur leurs produits. Seuls souvent gagnent de l’argent, des marchands de chevaux, et parmi les meilleurs d’entre-eux ceux qui ont déjà vendu le cheval que vous n’avez pas encore acheté. Tout ça ça suffit. Il est temps de jeter les bases de nouvelles initiatives qui remettent à leur place la valeur de chacun, de son apport, de son savoir-faire ».


17/09/2015

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