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France Haras : état des lieux avec Patrick Dehaumont

« Le repositionnement de l’Etat au niveau de la filière cheval, explique Patrick Dehaumont, directeur général de France Haras, s’est traduit en 2010/2011 par la création de l’institut français du cheval et de l’équitation en charge des missions de service public et de France-Haras groupement d’intérêt public chargé du transfert au secteur privé des activités concurrentielles (étalonnage, identification de terrain et sevices aux éleveurs). Photo 1 sur 1

Deux objectifs principaux ont été retenus pour cette  structure de transition à gouvernance mixte public/privé :
-transfert ou cessation des activités des centres techniques en utilisant le levier local d’une part,
-et, sous réserve de la volonté de la filière, accompagnement à la création d’un opérateur purement professionnel autofinancé  au niveau national qui se substituera au GIP à moyen terme d’autre part.
Conséquence de la mise en œuvre de ces objectifs, il revient à France-Haras d’assurer une transition ne compromettant pas l’avenir en assurant le maintien de la valeur.
Le premier volet est engagé, la méthode est en place et le calendrier fixé par le gouvernement sera respecté : au 31 décembre 2014 tous les centres techniques non encore transférés au secteur privé seront fermés.

Cette évolution se traduira par une reconfiguration de l’offre et un positionnement nouveau des opérateurs  dans un cadre purement concurrentiel : ainsi dès la saison de monte 2012 ce sont 11 centres qui seront fermés et environ 20 qui seront transférés à la filière.
Il faut prendre en compte ces évolutions pour mettre en place le second volet de France-Haras, à savoir la mise en place d’un opérateur professionnel national.

A ce titre, les débats  du conseil d’administration de France-Haras ont permis de faire émerger quelques sujets d’intérêt majeur :
-l’intérêt du maintien d’une offre de services génétiques et techniques (réseau de diffusion pour les chevaux de sport et de loisir)  dans le cadre de démarches collectives concurrentielles avec une préoccupation d’harmonie territoriale.
- l’intérêt pour une diffusion de génétique collective et notamment d’une jeune génétique sur l’ensemble du territoire, en lien avec les associations nationales de races  ;
- l’appui à des démarches d’amélioration de la qualité en matière de reproduction et à leur certification ;
-la mise en réseau de centres de reproduction ou de prestation de services aux éleveurs, si possible dans le cadre d’un système de type franchise.
Cette évolution suppose toutefois un engagement juridique et financier de la filière afin de prendre le relais de l’Etat.
Les administrateurs de France-Haras ont mis en place un groupe de réflexion sur ce thème. Le schéma d’organisation à moyen terme devrait ainsi être précisé courant 2012. Dans cette attente, FH maintient des services auxquels les éleveurs sont très attachés tel que le réseau de distribution de semence. Il est aussi mis en place un référentiel qualité afin d’offrir des garanties aux éleveurs tant sur le fonctionnement des centres que sur la qualité de la semence utilisée. Enfin le patrimoine génétique constitué par les étalons ex-HN et des étalons sous contrat, continue d’être exploité sur le territoire.

Cet objectif de structuration nationale avec transfert aux organisations socioprofessionnelles devra être poursuivi dans le contexte contraint de disparition des subventions de l’Etat. Il conditionnera ainsi la construction d’un opérateur professionnel autofinancé qui se substituera à France-Haras à l’horizon 2014/2015 Â».

 

Entretien

Le capital étalons est en train de sérieusement diminuer.
« L’arrêt du renouvellement des étalons résulte de la volonté des administrateurs socio-professionnels de France-Haras. En effet ce n’est pas une volonté de l’Etat qui souhaite laisser les professionnels décider. Les administrateurs ont donc fait le choix lors du conseil d’administration du 13 septembre, de ne plus acheter d’étalons, sauf circonstances exceptionnelles et au cas par cas. Pour l’instant on gèle les achats, on ne renouvelle plus le capital, et on réfléchit sur le devenir de France Haras, sur la mise en place d’un éventuel opérateur, et la génétique collective fera partie de la réflexion. Donc pour l’instant pas de renouvellement, ce qui veut dire que le capital en étalons, aujourd’hui assez âgés, va se réduire très très rapidement. Nous avons vendu un nombre important d’étalons aux Bréviaires fin novembre. Les étalons continuent de vieillir et l’année prochaine nous aurons encore des ventes ainsi que pendant toute la phase du transfert des centres techniques, sur trois ans. cela veut dire qu’il va rester finalement assez peu d’étalons Â».

Que ferez-vous de ces étalons au bout de trois ans ?
« Mon message est clair : nous souhaitons, au niveau de l’Etat, accompagner la filière pour la reprise des activités de France-Haras.C’est pour cela que l’on parle de la mise en place possible d’un opérateur professionnel, auto-financé, qui reprendrait ces activités de génétique collective, de distribution de la semence, de mise en réseau des centres techniques, etc... Si cet opérateur se met en place, je ne peux pas vous dire exactement comment on procédera, mais l’Etat a la volonté d’accompagner sa mise en place. Comment gérera-t-on le reliquat de génétique ? Je ne pense pas que les étalons seront simplement transférés car l’Etat ne peut le faire. En revanche, il serait souhaitable de continuer d’exploiter ces étalons dans le cadre de ce nouvel opérateur, ce qui nous permettra de lui mettre le pied à l’étrier. Toutefois si cet opérateur ne se met pas en place, que la filière ne reprend pas les activités nationales, le message est clair : nous vendrons les actifs, dont le produit contribuera au budget de l’Etat Â».

Quand vous parlez d’opérateur, il ne s’agit pas de projet collectif genre coopérative,...
« Je parle bien d’un opérateur national. Je ne parle pas du local . Une coopérative, pourquoi pas. Certains parlent d’un GIE. En fait l’idée est de se dire : est-ce que certaines branches professionnelles souhaitent maintenir une structure qui continuerait d’assurer les services qui étaient précédemment assurés par les Haras Nationaux, mais en les auto-finançant. Donc en particulier génétique collective, distribution de semences essentiellement, et mise en réseau des centres techniques. Parce qu’il faut savoir que le secteur des Courses s’est positionné en indiquant qu’il n’avait pas vraiment besoin de France Haras pour assurer de la génétique collective. Ce secteur semble préférer traiter la question en direct avec les régions. En fait le segment qui a intérêt, à mon sens, à mettre en place un opérateur professionnel, est surtout constitué par les acteurs du sport, des loisirs, des races aidées. Sachant que les aides publiques diminuent, on a besoin de mutualiser un certain nombre d’activités et c’est à ce titre-là que cet opérateur sera utile Â».

Donc grosso modo il y a le feu au lac...
« Il faut désormais des décisions rapides parce que, effectivement, maintenant on a mis des jalons précis : dans trois ans tous les centres techniques seront transférés ou fermés. Une fois que les centres techniques seront transférés ou fermés au niveau local, si l’opérateur national ne se met pas en place, France Haras n’a plus de raison d’être, n’a plus à poursuivre ses activités au-delà de 2015, donc il y a effectivement une certaine urgence. C’est pour cela qu’au dernier conseil d’administration du 1er décembre un groupe de travail qui est présidé par Jacques Gounet a été mis en place. Il devra faire des propositions pour la prise en charge à moyen terme des activités nationales. L’idée c’est de pouvoir revenir vers notre conseil d’administration à la mi-2012 avec des propositions sur la constitution de cet opérateur : ses activités, ses objectifs, les conditions de son financement ».
Un projet de coopérative se met en place en Normandie à l’initiative de l’ADEP. Où en êtes-vous ?
« C’est exact. Là on est sur un sujet différent, sur un niveau régional. Il s’agit bien de la problématique du transfert des centres techniques. Pour l’instant le dossier n’a pas avancé concrètement au niveau du Pin, En effet des discussions sont en cours avec les collectivités locales, sur l’articulation entre ces collectivités et l’IFCE pour l’exploitation du grand Domaine du Pin. Nous sommes parfaitement en phase avec l’ADEP sur le sujet: En matière d’activité de centre technique, il faudra un repreneur. La question qui se pose est la suivante : est-ce que les exploitants du site du domaine du Pin souhaiteront maintenir une activité de centre technique  au sein du haras du
Pin ? Si oui est-ce qu’ils souhaitent le faire de manière temporaire dans les installations actuelles, ou de manière pérenne ? Ou souhaitent-ils le faire de manière temporaire et permettre l’émergence d’un nouveau centre technique plus moderne, dans la mesure où l’ergonomie actuelle n’est pas idéale. Des discussions sont en cours et les positions ne sont pas arrêtées à ce stade. Dès que la visibilité sera suffisante un appel à candidatures sera publié (courant 2012 pour une reprise 2013 à priori Â»).

Vingt centres techniques seront donc maintenus ?
« Sur les 77 centres techniques qui existaient en 2011, 11 seront fermés en 2012. De plus une vingtaine a vocation à être transférée dès 2012. La carte des centres ouverts en 2012 sera publiée très prochainement. Les centres transférés sont repris soit par des collectifs, par exemple d’éleveurs, soit par des opérateurs individuels. Collectifs d’éleveurs ou opérateurs individuels, dans tous les cas il s’agit bien de reprises privées Â».

Ceux-là n’auront pas droit à avoir des étalons gratuitement ?
« Non, les étalons sont placés en exploitation soit dans des centres encore gérés par l’ IFCE soit dans ces centres transférés. Ils sont sous contrat, avec partage des recettes de génétique. Le centre technique assure la pension de ces chevaux, assure l’entretien pendant la période de monte et on lui reverse un pourcentage de la recette de la génétique. Le centre technique fait par ailleurs son affaire des frais techniques, qui ne sont plus de notre ressort Â».

On entend dire ici et là que Mylord Carthago serait à vendre..
« Non il n’est pas à vendre. Nous tenons absolument à ce qu’il fasse les Jeux olympiques et donc il n’est pas question de le vendre. Quelle que soit l’offre, je m’y opposerai. C’est pour nous une fierté nationale et les résultats actuels sont les fruits de sa cavalière, du soutien de la FFE et ne l’oublions pas de ceux qui ont su le détecter et l’acheter Â».

Propos recueillis par Etienne Robert

 

IFCE : la formation d’abord

Philippe de Guenin, directeur général de l’IFCE, ses adjoints Robert d’Artois et Emmanuel Rossier ont brossé au cours d’une conférence de presse au salon du cheval de Villepinte, ce qu’allaient être les priorités de l’institution dans l’avenir. Si le volet France-Haras que nous développons par ailleurs avec Patrick Dehaumont fut au centre des préoccupations, le patron de l’IFCE a mis l’accent sur une des missions essentielles de l’IFCE : la formation des enseignants aux nouveaux diplômes que sont le DE JEPS  destiné aux amateurs et le DES JEPS destiné aux cavaliers Pro. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’acquérir des  compétences dans l’entraînement et la pratique sportive. Ce qui n’était pas le cas avec le BP JEPS, loin s’en faut. La profession réclame en effet depuis belle lurette une meilleure qualification des cavaliers de jeunes chevaux en particulier. Philippe de Guénin a mis l’accent sur Equi-ressources, le pôle emploi du cheval, dont les enseignements en matière de besoins  de formation sont de première importance. Equi-ressources recense les demandes et les offres d’emploi dans le secteur cheval et tente de satisfaire les unes et les autres. Mille « mariages Â» ont été réalisés jusqu’à maintenant. Créé en 2007, Equi-ressources est le fruit d’un quadruple partenariat entre l’IFCE, le pôle de compétitivité filière équine, le pôle emploi et le Conseil régional de Basse-Normandie. Son rôle va bien au delà du simple « mariage Â». S’appuyant entre autres sur les travaux des observatoires économiques des Conseils des chevaux, Equi-ressources analyse les points forts et faibles d’un secteur très vaste et très diversifié qui comprend
55 000 entreprises employant
75 000 personnes. Le chiffre d’affaires de cette filière était en 2009 de 12,3 milliards d’euros dont
10 milliards réalisés par le seul secteur des courses.
Bras armé de l’IFCE, l’Ecole nationale d’équitation de Saumur prend en charge avec ses Ecuyers cette formation, à Saumur et dans les centres techniques des haras. « Nous disposons là d’une véritable force de frappe Â» souligne le patron de l’IFCE. L’inscription de l’équitation de tradition française au patrimoine de l’UNESCO (lire par ailleurs) redonne un sens très particulier à cette notion de formation qui avait tendance à être négligée.
Autre secteur qui devient de moins en moins marginal et auquel l’IFCE attache une grande importance, c’est celui du cheval territorial ou cheval cantonnier. Les maires sont demandeurs d’information dans ce domaine; il va sans dire qu’il faudra former des cochers et inculquer un brin de culture cheval à tous ceux qui travailleront dans ce domaine, faute de quoi la pérennité ne serait pas assurée.
Concernant la partie étalonnage, l’IFCE poursuit ses réductions d’effectifs. Les 450 équivalents temps plein doivent être ramenés à 100 à l’horizon 2014. 200 départs à la retraite ne seront pas remplacés. « Nous devons perdre 50 emplois par an Â» précise Philipe de Guénin.

E. R.
ACTU_ifce

14/12/2011

Actualités régionales