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Equi-Génétics : retour à Poitiers

(en ligne le 19 février 2010) Un ring de présentation plus vaste permettant une meilleure présentation des étalons notamment à l’obstacle, des stands dont la disposition et l’esthétisme étaient plus recherchés et dont le nombre a augmenté de 10 % par rapport à Photo 1 sur 8
la dernière édition, la présence d’un traiteur sur le site même de la manifestation, prés de 90 étalons chevaux et poneys présentés au public par quelque 27 étalonniers, voilà ce que l’AEV (Association des Eleveurs de la Vienne) proposait pour Equi-génétics 2010.
Chazey-sur-Ain avait ouvert le bal avec succès le week-end dernier, de la tournée 2010 de promotion des étalons, et le rendez-vous de Poitiers lui emboitait le pas dès ce week-end. Malgré un manège glacial par ce temps hivernal, près de 2 500 spectateurs (d’après les dires des organisateurs...) s’y sont retrouvés sur deux jours.
Après une escapade vendéenne en 2009, cette 8e édition d’Equi-Génétics revenait sur les terres poitevines qui l’avaient vu naître et le succès des premières éditions a amené l’AEV à pérenniser et à développer cette manifestation utile aux éleveurs de tout le Grand Ouest. Ces présentations rassemblent en effet les éleveurs venus de cinq régions (Poitou-Charentes, Limousin, Centre - Val de Loire, Pays de la Loire, Bretagne et une partie de l’Aquitaine). L’importance et la diversité des étalons présentés, qu’ils soient performers reconnus ou en devenir, permettent aux éleveurs amateurs comme professionnels d’avoir un aperçu étendu des choix génétiques qui s’offrent à eux et en la matière le choix ne manque pas. L’agencement du grand manège leur permettait aussi de pouvoir échanger avec les étalonniers sans rien perdre de l’évolution des chevaux sur le ring.
Les institutions y tenaient stand (ANSF, Anaa) ainsi que, sans vouloir tous les citer, nombre d’étalonniers tels que : les Haras Nationaux (passé IFCE), Groupe France Elevage, le Haras du Bois Margot, Béligneux le Haras, Haras des « M », le Haras de Brullemail, le Haras de Semilly, le Haras de Hus, le Haras du Feuillard..., les étalonniers régionaux comme l’élevage du Gery et le Haras d’Herbord, d’autres étalonniers régionaux présentant un ou deux étalons (Elevage d’Ivraie, de Champeix, d’Adriers, d’Ag, des Loges…), ou ceux venus de loin (Haras du Golfe). Etaient également présents les prestataires de service tels que le Haras de Rochefort et le Centre de reproduction équine du Dorat, ainsi que les fournisseurs (fabricants d’aliments spécialisés comme Reverdy ou Destier, de matériels comme Atout Van, Happy Foaling ou A-Tech Europe), les prestataires de services (assurances Aviva, Cer France, Winner Horse, Global Gènes…). Enfin encore l’Association des Poneys Poitou-Charentes ou le Lycée agricole de Montmorillon dont les jeunes ont assuré l’organisation, montage et démontage des pistes avec maestria.

Le public a ainsi pu découvrir ou revoir une concentration de champions : les stars d’aujourd’hui avec, entre autres Baloubet du Rouet, Dollar de la Pierre, Epsom Gesmeray, Modesto, Cassini II, Kannan, Quite Easy, Champs Elysées, Alligator Fontaine, Controe, Canturo, Poor Boy…, pour ne citer qu’eux mais aussi celles de demain : Ready Boy des Forêts, Remajeur de Ravel, Rissoa d’Ag, Regan Kervec, Riesling du Banco, Pézétas du Rouet, Qool du Bois Margot… La jeune génétique régionale aux souches irréprochables a aussi pu se faire connaître du grand public, à savoir notamment Sublim des Grézils, Ténéré d’Ag et Ti Punch de Loges. Les chevaux pies Roccossifred et Snoopie des Frênes, ont fortement attiré l’œil du public voulant mettre de la couleur dans leur élevage. Les éleveurs ont également pu apprécier les anglos présentés, à savoir les excellents Cook du Midour, L’Elu de Dun, Quack, Fango in Blue qui vient d’être affecté dans la région, les forts bien nés et prometteurs Sorritor Champeix et Scandale d’Ivraie, et l’anglo-arabe polonais Frazés...
Malgré un ralentissement du marché, les étalonniers étaient pour la plupart satisfaits de cette édition d’Equi-Génétics 2010 même s’ils remarquent tous que les éleveurs sont surtout venus pour observer et se renseigner, reportant leur décision à plus tard...
• Michel Guiot de l’élevage de Talma, fidèle depuis la création à cette manifestation avec son étalon Jeff d’Or, souligne qu’il sera certainement difficile de faire travailler les jeunes étalons. Il note aussi que le choix des éleveurs se porte vers des géniteurs confirmés voire plus chers, de façon à faire naître des poulains plus commerciaux.
• Arnaud Evain du GFE reste optimiste et pense que le plus gros des difficultés est passé et que nous subissons aujourd’hui l’effet retard de la crise. Si le nombre de juments saillies sera certainement en diminution, il pense que cela affectera plutôt un cheptel de moindre qualité. Ainsi, le GFE propose les « vieux » étalons à des prix raisonnables. Pour soutenir les éleveurs, le groupe a mis en place le Foal Sharing, pratique très répandue dans le domaine des courses, qui consiste à offrir aux éleveurs utilisant leurs jeunes étalons, d’échanger la saillie contre une part du produit à naître qui sera en général proposé en ventes
publiques. Plusieurs contrats de ce type ont déjà été signés à Poitiers.
• Julie Couprie, d’EquiCER, spécialiste en conseil et expertise comptable, a rencontré un public d’éleveurs essentiellement de la Vienne, à la recherche de comptable spécialisé cheval. Présent pour la première fois à Poitiers, le salon aura été positif pour le CER avec une dizaine de contrats signés.
• Pour Grégory Mars du Haras des M, il faut que Poitiers continue à évoluer, notamment en évitant de présenter des étalons par lot, car il pense que le public ne peut se concentrer sur l’évolution simultanée de plusieurs chevaux à la fois. Pour pallier la crise, il reste fidèle à sa politique, à savoir proposer des étalons performers et non des concepteurs de « Miss France » qui ne pourront jamais faire du haut niveau. Enfin pour lui, il est trop tôt dans l’année pour porter un jugement sur son activité et il souhaite que les excellents contacts pris à Poitiers aboutissent. « Les éleveurs doivent se déplacer sur les terrains de concours pour voir les étalons et leur production. Il est difficile de se faire une opinion sur un géniteur en le voyant sauter trois barres dans un manège. Le public peut même avoir une vision faussée de l’animal... ».
• Laurent Mangold du Centre de reproduction équine du Dorat souhaitait être présent à Equi-Génétics pour travailler le relationnel avec ses clients et les aider dans leur choix d’étalons avec une vision plus technique. « Les gens viennent rêver, nous venons rêver avec eux ».
Les étalonniers apprécient la convivialité de la manifestation, son organisation et sa souplesse à s’adapter à leurs désirs afin de présenter au mieux leurs étalons, notamment dans le cas où ils ne disposent que d’un seul cavalier. Les modifications d’horaire sont pointées du doigt comme un point négatif par un autre étalonnier, car pour lui, il était difficile de passer son cheval aux heures affichées… Nombre d’étalonniers ont souligné que Poitiers semblait mieux localisé géographiquement que La Roche-sur-Yon en terme d’attractivité par rapport à la clientèle du Sud.
Profitant de sa venue en terre Poitevine, l’ANSF a souhaité récompenser les éleveurs des meilleurs jeunes chevaux picto charentais, à savoir Dominique Perraud pour Pétrus de Mazin (vice-champion de France des 6 ans de CSO), la SCEA des Touches pour Pivoine des Touches (5e des 6 ans de CCE), les naisseurs des jeunes étalons approuvés en 2009 lors des finales ANSF, à savoir Franck Chevalier pour Ténéré d’Ag, Jean-Pierre Bendinelli pour Ti Punch des Loges et Serge Debin pour Sublim des Grézils.
On peut regretter que les présentations de poneys étaient noyées dans la masse, sentiment partagé par leurs étalonniers qui ont rencontré peu de clients, Equi-Génétics ayant à priori drainé principalement des éleveurs de chevaux.
Henri Brugier, un des organisateurs, constate qu’il y a de plus en plus d’éleveurs qui tardent à prendre une décision quant à leur choix de père et qu’Equi-Génétics leur permet de les comparer. Le plateau 2010 était particulièrement intéressant car il proposait un panel de très grands performers.
Philippe Poireault, le Président de l’Asselaven concluait qu’au jour d’aujourd’hui, l’alternance avec le site de La Roche-sur-Yon pour Equi-Génétics 2011 n’avait pas encore été évoquée et que, sauf évènement imprévisible cela devait avoir lieu dans la cité vendéenne. A suivre… Quel que soit l’organisateur en 2011 ce qui est sûr, c’est que ce type de manifestation devra évoluer pour répondre à un monde en changement toujours en attente d’innovations.

Anne Clausse-Fougère

18/02/2010

Actualités régionales