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Endurance : les vétérinaires dénoncent les abus

Après la mort d’une jument lors du Festival mondial d’endurance de Compiègne, en mai dernier, les soigneurs s’insurgent contre les dérives du système, dont se rendraient surtout coupables les pays du Golfe.


La mort d’un cheval, dont les résultats de l’autopsie ne sont pas encore connus, et l’extrême maigreur d’un autre lors du Mondial d’endurance de Compiègne, les 23 et 25 mai derniers, ont conduit cinq vétérinaires, impliqués sur les deux courses, à réagir. «  Nous avons vu une vague déferlante de chevaux lancés à toute allure sur les parcours difficiles mais roulants des deux concours d’endurance internationaux. L’inscription tardive de nombreux concurrents avait entraîné un sous-effectif de juges, de vétérinaires et surtout de commissaires aguerris  », estiment les docteurs Christophe Pelissier, Pierre Romantzoff, Antoine Seguin, Jean-Louis Leclerc et Agnès Benamou-Smith. «  L’équipe a eu à traiter de trop nombreux chevaux, éliminés pour raison métabolique avec des fréquences cardiaques élevées et des états de déshydratation surprenants compte tenu des conditions climatiques clémentes du week-end.  » Quelques équidés, «  poussés trop loin sans doute, ont requis des traitements plus longs et intensifs, et parmi eux, une jument présentant un syndrome neurologique à son arrivée au vetgate, n’a pu être sauvée  ».


Dopage ?


Les vétérinaires dénoncent l’émergence d’une endurance «  pratiquée dans certains pays du groupe 7 ( dont font partie les Emirats arabes unis), qui n’a plus rien à voir avec l’esprit originel du sport  », une endurance «  tout à fond, dont seuls les meilleurs supportent cet effort violent  ». Ils constatent un phénomène nouveau, «  des jockeys venant monter un cheval dont ils ne maîtrisent ni l’entraînement ni la conduite de l’alimentation  ». C’était le cas du cavalier qui a monté la jument décédée.


Les vétérinaires évoquent aussi «  les recettes plus ou moins avouables de certaines écuries  », en clair le recours à des produits interdits : «  Le développement des techniques de dopage permet malheureusement de perturber de façon marquée les indices classiques de fatigue qui nous alertent, tant et si bien que ces pratiques antisportives vont permettre à des chevaux fatigués de se présenter au vetgate avec des examens apparemment bons, même pour le vétérinaire le plus aguerri qui doit juger dans un temps minimal sur un petit nombre de critères cliniques. Conscients du rôle moteur que les vétérinaires ont pour préserver le bien-être du cheval d’endurance équestre, nous en appelons aussi aux autres acteurs du monde du cheval pour nous aider dans cette tâche : aux cavaliers pour leur vigilance à mener leur cheval dans le respect de l’éthique, aux acteurs de la protection animale pour être les témoins attentifs des compétitions, et aux instances nationales et internationales pour garantir l’application de mesures fortes de prévention des abus, en particulier concernant le dopage  ».


Le président de la Fédération suisse (un vétérinaire) avait déjà réagi à ces méthodes. La FEI lui emboîte le pas en approuvant de nouvelles règles qui vont entrer en vigueur le 1er août pour s’appliquer lors des mondiaux de Normandie. Un sale coup pour Nicolas Wahlen impliqué bien malgré lui dans cette affaire et soutenu par Christian Depuille, président de Compiègne endurance. Philippe Mariani, maire de Compiègne, a réagi durement en interdisant d’utiliser le stade du Grand parc pour le championnat interrégional des jeunes chevaux le 13 septembre.

28/06/2014

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