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De la consommation à la construction

TribuneA l'heure où les révisions budgétaires drastiques sont à l'ordre du jour, toute notre filière « cheval » est en droit de se poser des questions : comment faire pour rester debout ?Le moment est venu de méditer cette célèbre pensée de MAO « mieux vaut apprendre à pêcher plutôt que d'acheter son poisson » En d'autres termes : essayer de produire ses propres besoins au lieu d'aller les acheter toujours plus cher sur le marché.

Appliquer dans l'avenir ce principe à l'univers des clubs et des écuries de propriétaires n'est pas impossible. Au prix d'un réel effort (sans doute à long terme) de la part de la Fédération, de l'IFCE, de formation des hommes et des moniteurs, on peut faire évoluer les mentalités et apprendre au cavalier à fabriquer son propre cheval de sport ou de loisir. Cela, au lieu d'acheter souvent cher un performer prêt à l'emploi avant d'avoir à le revendre, à perte, une fois son potentiel épuisé.
Dans le couple cavalier-cheval, on s'est attaché à former des moniteurs pour apprendre à monter. Même si leur compétence technique est souvent jugée insuffisante, reconnaissons que la réussite est incontestable. Mais l'autre partie du couple a été laissée de côté. Il nous manque des moniteurs pour apprendre à « dresser » un poulain de 3 ans. Pour transformer un cheval d'herbage en cheval de compétition ou de loisir avec toute la plus-value que cela sous-entend. Cela pourrait s'assimiler à du développement durable.
A l'heure où des éleveurs découragés envoient leur 3 ans les moins convainquants à la boucherie plutôt que d'avoir à les nourrir durant l'hiver,
A l'heure où une foule de propriétaires se demande s'il n'est pas temps « d'arrêter le cheval »,
A l'heure où les clubs se demandent comment redynamiser, remotiver leurs clients,
A l'heure où la Fédération se pose des questions pour éviter de nouveaux échecs olympiques,
A l'heure où un colossal marché asiatique s'offre à notre élevage, potentiellement l'un des plus performants du monde comme nos chevaux l'ont prouvé, sensibiliser nos cavaliers vers l'éducation du jeune cheval, vers les joies très pures de suivre comment le cheval apprend peu à peu son métier et progresse de mois en mois, mérite l'attention de nos décideurs.

Nos voisins étrangers, dans leurs centres équestres, forment à la fois des cavaliers et des chevaux prêts à l'emploi. Après avoir satisfait leurs propres clients, ils permettent aux commerçants d'alimenter un volume d'exportation que nous leur envions.

Parmi la foule de ceux que La Motte a enivré, il semble important de proposer aux premières générations qui en ont profité et sont devenus parents, de nouvelles pistes plus mures, plus constructives.

Philippe Mauban

17/10/2012

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