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Croissance et /ou développement ?

Ce sont deux notions qu’on a tendance à confondre parce qu’elles interviennent souvent en même temps mais qui sont très différentes pour l’organisme.


La croissance c’est le gain de poids. Elle est appréciée sur une période déterminée. Cela permet de calculer une vitesse de croissance qui est une caractéristique fondamentale d’une espèce et d’une race à un âge donné.


Le développement, quant à lui correspond à la mise en place des différents tissus et régions du corps et à l’ensemble des modifications morphologiques et chimiques de ces régions.


Pour illustrer cette différence, lorsqu’un enfant double son poids de naissance à 5 mois, c’est de la croissance car cela se voit sur une balance. Mais quand, après le passage de la petite souris, sa dent de lait est remplacée par une dent définitive, c’est du développement car acquisition d’une structure mais pas croissance puisque sur la balance, on n’y voit strictement que du feu.


La vitesse de développement traduit la précocité.


De ce fait, un enfant précoce n’est pas celui qui fait 20 kg à trois ans (ça c’est un géant ou un obèse : il a une forte vitesse de croissance), mais celui qui a sa première dent à 2 mois, ce qui ne veut pas dire qu’il marchera plus tôt que les autres.


Comme vous le constatez sur cette histoire de dent, un enfant peut être précoce pour un critère et tardif pour un autre. Cela veut dire que pour le premier critère, il le remplira plus vite que les autres alors qu’il remplira le 2e critère moins vite que les autres.


On juge donc toujours la précocité par rapport au développement « normal » de ce tissu ou de cet organe.


Mais tous les organes, tous les tissus ne se développent pas en même temps ni à la même vitesse dans le cas « normal ».


Pour les régions du corps, les membres, on a des vagues de croissance. Comme les vagues, les courbes de croissance montent, arrivent à un pic puis redescendent. Bien sûr, à la naissance, on a déjà un peu de tout mais certaines régions se développent les premières et très rapidement ce qui fait qu’elles atteignent leur taille définitive tôt. Elles sont prioritaires à un moment puis lorsque leur croissance se ralentit, une autre zone devient prioritaire à son tour.


Classiquement, les membres et la tête se développent en premier. Les jeunes ont généralement une grosse tête ce qui est particulièrement visible chez l’enfant et de grandes pattes. Il suffit de voir un faon ou un poulain pour remarquer qu’ils sont courts de dos et montés sur des échasses.


La seconde vague de croissance est celle du rachis, puis on voit s’élargir le bassin et enfin, le thorax prend sa forme définitive. Chez les jeunes chevaux, on dit qu’il « éclate de devant » « sort son garrot ». Cette phase de la croissance a lieu vers 4-5 ans, à un moment où on ne considère plus le cheval comme un jeune. De ce fait, elle est souvent négligée sur un plan alimentaire et on aboutit à des animaux étroits devant donc ayant moins de place pour les poumons ce qui peut influer sur la capacité respiratoire et partant sur les performances sportives.


Si on regarde les tissus, on a le même phénomène. Le développement maximal est d’abord au niveau du système nerveux (il faut bien câbler tout cela !) puis de l’os, du muscle. La graisse est le dernier tissu à se mettre en place. C’est pour cela qu’un jeune normal est logiquement assez maigre sans que ce soit pathologique.


Notez qu’il ne s’agit que de priorités. Car de la graisse se dépose y compris chez le fœtus. En effet, un des organes les plus riches en lipides est le cerveau qui est formé très tôt. Simplement au niveau de l’organisme, cela fait des quantités de graisse qui n’ont rien à voir avec ce qu’on trouvera ensuite chez l’adulte.


Il est donc important chez tout jeune animal de suivre à la fois l’évolution du poids et le développement morphologique de l’organisme. L’évolution du poids peut se faire par pesée ou par estimation. L’estimation du développement morphologique de l’organisme est plus délicate mais une solution à la portée de tout propriétaire est de prendre des photos à intervalles réguliers de son animal, si possible au même endroit et dans la même position pour pouvoir les comparer et se faire une idée juste.


La précocité d’un poulain c’est-à-dire l’age auquel son organisme atteint un état donné, est un facteur important pour pouvoir gérer les efforts demandés et ne jamais dépasser ses capacités. C’est en outre, pour les pouliches, un moyen de raisonner le délicat problème de l’âge de mise à la reproduction.


Cette précocité a un déterminisme génétique, les poulains de sang étant réputés plus précoces. L’alimentation intervient en permettant la totale expression de ce potentiel ou au contraire sa limitation que ce soit par insuffisance, excès ou mauvais équilibre.


L’évolution de la conformation générale est assez facile à appréhender avec de l’habitude. En particulier si le poulain de l’année est plus haut que long et s’inscrit donc dans un rectangle debout, le poulain de 18 mois s’inscrit dans un carré alors que l’adulte s’inscrit dans un rectangle couché. La persistance d’une conformation juvénile à un âge où elle aurait dû disparaître est un indicateur d’une faible précocité qui doit amener à se poser des questions sur le suivi alimentaire.


Le suivi de tout poulain impose de connaître l’évolution de son poids soit par pesée directe lorsque c’est possible, soit par la mesure de son périmètre thoracique. On rapproche le résultat obtenu des pourcentages de croissance normaux en fonction de l’âge du poulain pour déterminer un poids adulte théorique.


Ce poids adulte doit être comparé au poids « logique » en fonction de la race du poulain et de ses parents. Une divergence nette entre le poids adulte estimé et le poids « logique » doit amener à suspecter soit une pathologie soit plus fréquemment une mauvaise alimentation.


Au-delà de ce calcul, le suivi de ces mesures permettent simplement de vérifier que l’animal évolue de façon régulière. La régularité de la croissance, l’absence de périodes de ralentissement voire d’arrêt de celle-ci sont de bon indicateurs de l’état de santé et d’un bon suivi alimentaire en fonction des besoins toujours en évolution du poulain.


On observe notamment ce phénomène dans le cas de poulains ayant eu une ration qui leur convenait bien à un moment donné qui donnait toute satisfaction mais comme elle « marchait bien » on l’aura maintenue trop longtemps. Il est impératif de revoir les rations des poulains au plus tous les 6 mois en régime normal et tous les 3 mois si on a un poulain qui doit récupérer après une maladie ou une erreur alimentaire précédente.


A noter qu’un poulain ne doit jamais être gras, l’épaisseur de graisse étant appréciée en passant la main au niveau des côtes qu’on doit toujours deviner ou voir sans que cela soit creusé entre les deux.


Un poulain dont on ne sent pas les côtes peut souffrir de deux erreurs alimentaires : un apport énergétique trop abondant (c’est ce à quoi on pense en premier), une ration apportant une énergie normale mais trop peu de protéines et/ou de minéraux/vitamines pour permettre des synthèses normales. Du coup, le poulain stoppe sa croissance et stocke l’énergie pour plus tard. Malheureusement dans ce cas, le propriétaire a généralement la réaction de diminuer les apports puisque le poulain est gros ce qui limite certes l’énergie mais comme cela affecte encore plus la croissance, le poulain ne maigrit pas.


Dans ce cas, le meilleur indicateur est la non-évolution du format (passage du carré au rectangle couché) et un côté trop juvénile, trop « mignon » du poulain.


Attention à ne pas confondre avec le poulain dont on sent les côtes mais qui a un gros ventre. Celui-là, même s’il est souvent accusé d’être gros (il a un gros ventre), ne l’est pas (on sent les côtes). Une fois éliminée l’hypothèse du parasitisme, ce sont souvent des poulains ayant une ration trop peu digestible pour leur âge et notamment des rations au foin ou à l’herbe exclusive ou presque pour des poulains de moins de 18 mois ou des poulains à croissance rapide. Le gros ventre traduit alors un développement anormal du tube digestif.


Pour une visite d’achat ou en cas de doute, un contrôle radiologique s’impose pour déterminer la précocité du poulain et sa capacité à tirer parti d’un entraînement sans en souffrir.


Estimation du poids adulte d’un poulain (SAS/STAT, 1999) :


Y = 9,7 + (100-9,7) x (1-(e(-0,0772 x X)))


R² = 0,99


Avec Y = pourcentage du poids adulte,


X = nombre de mois et e = 2,7183

Age du poulain

Pourcentage

en mois

du poids adulte

1

16,4 %

2

22,6 %

3

28,4 %

4

33,7 %

5

38,6 %

6

43,2 %

7

47,4 %

8

51,3 %

9

54,9 %

10

58,3 %

11

61,4 %

12

64,2 %

13

66,9 %

14

69,4 %

15

71,6 %

16

73,7 %

17

75,7 %

18

77,5 %

19

79,2 %

20

80,7 %

21

82,2 %

22

83,5 %

23

84,7 %

24

85,8 %

25

86,9 %

26

87,9 %

27

88,8 %

28

89,6 %

29

90,4 %

30

91,1 %

31

91,8 %

32

92,4 %

33

92,9 %

34

93,5 %

35

93,9 %

36

94,4 %

 

09/10/2014

Actualités régionales