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Complet : l’Or par équipe. Première médaille française !

  • Dans le Team France, la joie est à la mesure de l’exploit !
    Dans le Team France, la joie est à la mesure de l’exploit !
Le Complet ouvre le bal. La cérémonie d’ouverture fut joyeuse et colorée. Astier Nicolas et Karim Florent Laghouag n’y sont pas : les carrés de dressage les attendent le lendemain. Le ton est donné. Cette médaille, ils la veulent. Et ils l’auront. Cela fait douze ans que l’on attendait cela. Depuis les Jeux d’Athènes en 2004, où Arnaud Boiteau sur Expo du Moulin, Cédric Lyard et Fine Merveille, Didier Courrèges avec Débat d’Estruval, Jean Teulère sur Espoir de la Mare et Nicolas Touzaint avec Galan de Sauvagère ont remporté l’Or olympique devant la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.


Dressage : Allemagne/France


Les couples français ont dominé le dressage au point de terminer deuxièmes, à peine à 0,20 points de l’Allemagne (122,20 derrière l’Allemagne 122). Troisième, l’Australie, avec 126,40 points. Grosse déception pour les Britanniques, qui, malgré la victoire individuelle de William Fox-Pitt, n’est que 4e : Pippa Funnell/Billy The Biz réaliseront une reprise un peu figée qui leur vaudra une 16e place. Il faut réaliser leur performance : les quatre complétistes, dont ce sont les premiers Jeux Olympiques, ont dévoilé des reprises maîtrisées et fluides, qui les placent : 3e pour Mathieu Lemoine, derrière Fox-Pitt/Chill et Burton/Santano II. Il est vrai que Bart L, aux origines 100 % dressage (United x Gribaldi), n’a pas failli sous la selle de Mathieu. Il a réalisé de très beaux allongements, d’excellents changements de pied, un très bel arrêt. LCL Thibaut Vallette avec Qing du Briot*ENE-HN-JO/JEM, malgré un début décevant, va réaliser de beaux appuyers, et de très bons changements de pieds. Il obtient une note de 41 et s’impose à la 6e place ! Derrière Klimke et Jung, mais devant Sandra Auffarth et Opgun Louvo ! Astier Nicolas est 11e avec Piaf De B’Neville, avec la belle moyenne de 71,96 % et Karim Lagouagh, avec Entebbe de Hus, une moyenne de 71 %, prend la 14e place. Longtemps point faible du complet, le dressage, repris en mains il y a deux ans, par un Serge Cornut très ému à Rio, est devenu un atout maître.


Cross : le rêve se poursuit


Le parcours de cross c’est le lundi 8 août à partir de 15h. Élaboré par le Français Pierre Michelet il est, selon Thierry Touzaint entraîneur national de Concours complet : « Magnifique et vallonné ! Cela tombe bien car nous nous y sommes préparés. » 5 840 mètres de parcours dans les collines de Deodoro qui surplombent la baie de Rio. Dix minutes quinze de combinaisons avec des contrats de foulées précis, des gués impressionnants, de nombreuses options longues posant à chaque fois la même question : on risque ou on joue la prudence ? Bref, une vraie gestion, du temps en fonction de la fraîcheur du cheval, des risques à prendre ou des options. Pour chaque équipe ce fut un parcours du combattant, avec un chef d’équipe aux manettes devant changer de stratégie à chaque parcours. C’était cela le cross de Pierre Michelet. Une vraie aventure pour l’équipe. Des choix stratégiques. Il n’y eut que deux chutes sans gravité : la Belge Karin Donckers, et l’Italien Stefano Brecciaroli. Refus, panachages vont s’accumuler au début, parce que les « ouvreurs » semblent faire le job trop facilement. Les grandes nations s’effondrent : les Allemands, en tête, vont le payer (la 3e de l’équipe, Klimke, est éliminée après un refus) comme les Britanniques. Mais également les Américains et les Canadiens.


La Nouvelle Zélande prouve une fois de plus qu’elle est un vrai pays de complet. Elle prend la deuxième place, derrière l’Australie. sur le devant de la scène, malgré l’élimination chacune d’un de leurs piliers : Shane Rose pour l’Australie, Tim Price pour la Nouvelle Zélande. L’Australien Cristopher Burton a réalisé l’un des plus beau parcours du jour avec son jeune champion de 9 ans, Santano II : une qualité de saut fantastique, une galopade étonnante de fraîcheur. Les cavaliers français ont réalisé une vraie course tactique, après la performance d’Astier Nicolas, parti en ouvreur, 3e, Mathieu Lemoine 10e, Thibaut 18e et Karim 30e. Cela signifie au provisoire trois Français dans la finale individuelle... Go go go !


Quatre Mousquetaires...


- Astier Nicolas : maxi avec Burton et Jung !


Avec Piaf de B’neville-JO/JEM il prend la 3e place du provisoire, on a l’impression qu’il n’y croit pas encore. Ce sont ses premiers Jeux, comme les 3 autres, et il a parcouru ce cross avec une facilité déconcertante, seul maxi avec les deux premiers, l’Australien Cristopher Burton/Santano II et l’Allemand Mickaël Jung/Sam. Une telle facilité que beaucoup de cavaliers vont comprendre la difficulté du parcours malgré eux : déconfiture des Allemands : Sandra Auffarth réalise une vraie contre-performance, Julia Krajewski rate un obstacle. Les Britanniques également : Pippa Funnel et son gris iront à la faute, comme William Fox-Pitt et Chilli Morning, qui, lui, assume sa faute : « Chilli était fantastique, très franc, mais à un moment je n’ai pas pu tourner, c’est de ma faute... ».


- Karim Laghouag : «Je suis désolé! »


Très ému, Karim, après le cross qu’il était deuxième à parcourir. Il s’excuse plusieurs fois auprès des autres qui partiront après lui, le public, ceux qui y croient : Entebbe de Hus a marqué un refus sur la combinaison 11-12, et il prend 30,40 points de temps dépassé. « Entebbe dès le début a semblé impressionné par le public, très enthousiaste au départ, et par le parcours... Il n’était pas très volontaire après ça, j’ai dû le tirer tout le temps, »


- Thibaut Vallette : bon petit soldat


Troisième complétiste français, Thibaut Vallette a assuré l’essentiel en rentrant sans-faute aux obstacles avec un Qing du Briot*ENE-HN qui est un vrai cheval de cross. Le fils d’Eolien II (Sf) et d’une mère par l’Anglo-Arabe Etalon Or, né chez Patrice Planchat, y va, en excellent sauteur qu’il est, il a du moteur. L’entraîneur Thierry Touzaint, après la déconfiture de Karim et des autres « seconds » de chaque équipe, lui avait demandé la prudence et de privilégier deux options. Ce qu’il a fait. Pour l’équipe, tout va désormais dépendre de Mathieu Lemoine.


- Mathieu Lemoine : good job :


Quatrième et dernier Français, Mathieu Lemoine sait qu’il doit rentrer sans-faute, pour contrer les Australiens, qui ont pris la tête; il a en fait 8 secondes de marge dans le pire des cas. Mais, malgré l’amplitude de Bart L, ses superbes galopades, il sera un peu mis à mal à la grenouille, et Bart semble fatigué à la fin... La ligne d’arrivée semble si loin pour le couple. Résultat : le cavalier de Sandillon a concédé 14,4 points, prend la dixième place, mais permet à la France, même s’il ne le sait pas encore, de rester sur le podium. Ce sera une troisième place.


CSO : ils ne lâchent rien !


Astier Nicolas est décidé : « L’équipe est en bronze, il faut transformer la médaille en Or. Je ne suis pas très loin de la deuxième place... Demain pas de stratégie... Etre sans-faute. Comment vont les chevaux ? Ils ont l’air tous d’aller bien, je suis allé voir plusieurs fois Piaf de B’Neville, il est en forme... » Du parcours, c’est le temps le juge de paix, et la fatigue des chevaux. Karim Laghouag, neveu de Pierre Defrance, et le bel étalon noir hannovrien Entebbe de Hus-JO/JEM, fils d’Embassy, s’élancent en ouvreurs. Sa performance en cross ne permet pas de retenir son score. Il joue donc pour donner des repères aux autres. Le cheval est fatigué, Karim va le porter, et termine dans les temps. Ce cavalier sensible a un sourire éclatant : « ça va donner du moral à l’équipe ! Je pourrai les renseigner sur le temps, les contrats de foulée. Entebbe est fantastique, il m’a tout donné ! » Il finit ses Jeux sur une belle note, le poing levé en signe de victoire ! Les fautes s’enchaînent, les couples sont fatigués, et de plus en plus tendus au plus on se rapproche de ceux dont l’enjeu est capital.


Thibaut Vallette s’avance et la France frémit. Qing du Briot*ENE-HN-JO/JEM, Selle Français né chez Patrice Planchat (Eolien II), propriété de l’IFCE, semble frais, il tient le rythme que lui impose Thibaut, avec un parcours assez fluide qui donne confiance, et c’est un sans-faute magnifique. Le jeune cavalier de Saumur, deux fois médaillé de bronze en Europe, alors que c’était sa première sélection en équipe de France, reste modeste : « On savait le chrono serré, donc j’ai serré les courbes. Je suis arrivé à me concentrer, à rester dans ma bulle avec Qing qui a été très respectueux. Du bonheur ! Mais cela va se jouer au passage du dernier cavalier. » Il ne croyait pas si bien dire...


La France en Or ?


Premier coup de tonnerre : les favoris fautent, et l’accès à l’Or ne semble soudain plus si improbable : la Néo-Zélandaise Jonelle Price, avec Faerie Dianimo faute deux fois, et l’Australien Stuart Tinney/ Pluto Mio, 17 points. Vient le tour de Mathieu Lemoine. Bart, le petit-fils de Grimaldi, est à la hauteur du super pilote qu’il est, mais, comme le dira Mathieu, le jeune hongre de 10 ans est assez fatigué, moins tonique, et il s’effondre sur les deux derniers obstacles, comme tant d’autres. 8 points pour la France, en bronze au provisoire.


Tour à tour les 3e cavaliers néo-zélandais et australien Clarke Johnstone/Balmoral Sensation et Sam Griffiths/Paulank Brockagh réalisent un sans-faute digne de leur expérience et de leur maîtrise. La France tremble. Le Britannique Fox Pitt, blessé en novembre à Pau, est revenu avec un Chilli Morning plus extraordinaire que jamais, et le couple donne une belle leçon de feeling, de souplesse et d’élégance. Chapeau bas aux trois Britanniques pour leur sortie de piste.


Le 4e cavalier


Tout le poids est sur Astier Nicolas et Piaf de B’Neville-JO/JEM. Il va affronter rien moins que deux ténors de la discipline. De quoi perdre ses moyens. Pas lui. On n’a jamais vu des scores d’équipe aux Jeux aussi proches les uns des autres : les quatre derniers cavaliers ont une seule barre d’écart. Mickaël Jung est le premier, et il ne laisse aucune échappatoire aux adversaires. Avec le poids de l’Allemagne sur les épaules, il réalisera un parcours fluide, un travail ciselé avec Sam FBW, son complice de toujours. Astier entre alors en scène. Les Français sont tétanisés, et Astier réalise l’impensable, être aussi bon que Jung, avec son crack normand Piaf.


Restent deux cavaliers. Et c’est là que tout bascule : le Néo-Zélandais Mark Todd, 60 ans, aux 7e JO, qui n’a pas non plus le choix, va fauter quatre fois. Terrible scénario pour lui... L’Allemagne passe devant, la Nouvelle-Zélande perd le podium. L’Australien Christopher Burton est le dernier à fouler la piste de Deodoro. Avec Santano ll, il fautera deux fois, preuve s’il en est de la difficulté de cette discipline, de l’importance du mental, du poids de la pression.


Astier Nicolas, dernier à s’élancer, a tenu la dragée haute, avec Piaf de B’Neville, à trois Monstres Sacrés. Mickaël Jung l’Allemand et Sam, Mark Todd le vieux lion néozélandais, avec Léonidas, et l’Australien Christopher Burton/Santano II.


La France est en Or ! Les quatre As le seront jusqu’au bout de la nuit, entourés par les autres cavaliers, de dressage et de CSO, pressés par les journalistes, félicités, tandis que les chevaux se reposent dans leurs boxes sous le ciel brésilien.


26/08/2016

Actualités régionales