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Comment prévenir l’obstruction de l’œsophage

Egalement appelée engouement, il s'agit d'un accident alimentaire relativement fréquent. Nous allons voir ici comment elle apparaît, comment on la soigne, mais surtout comment on doit la prévenir alors qu'elle ne devrait jamais apparaître. Un système d'alimentation bien conçu en est le meilleur agent de prévention. Photo 1 sur 1

Le cheval arrête brusquement de manger, baisse la tête comme pour réfléchir, puis s'affole. Vous êtes en train d'assister à un « engouement Â» de l'Å“sophage. Un spasme musculaire vient de bloquer le bol alimentaire au niveau de l'Å“sophage. Une mousse verdâtre s'écoule de ses naseaux. Cet accident nécessite l'intervention d'un vétérinaire mais si le comportement du cheval est parfois très impressionnant, il n'y a pas d'urgence vitale dans les minutes qui suivent. Le risque maximum est atteint si l'on n'intervient pas dans les heures qui suivent. Il est possible alors que les aliments qui étaient un temps bloqués dans l'Å“sophage provoquent une fausse déglutition. Les aliments qui doivent normalement descendre vers l'estomac seront alors entraînés vers les poumons, ce qui peut entraîner une pneumonie par corps étranger.

Les causes de cette maladie sont multifactorielles
- Le cheval mange trop vite :
C'est la cause principale lorsque les chevaux ont tendance à manger « gloutonnement Â». C'est le cas par exemple avec des rations complété par une très faible quantité de concentrés. Ce repas, souvent distribué en une seule fois par jour, devient alors une pure gourmandise. La ration est avalée directement sans être broyée par les dents. Le même appétit peut être observé chez des chevaux rentrant du pré-paddock. La distribution de foin au paddock ou avant celle du granulé permet alors de calmer l'appétit du cheval. La distribution au sol ralentit également la déglutition.
Les irrégularités des horaires de distribution des repas sont également un facteur déterminant. Un cheval inquiet de ne pas voir arriver son repas à l'heure habituelle craindra de « manquer Â» et se jettera sur son repas sans prendre le temps de mastiquer. A noter que ce type de comportement peut intervenir lorsqu'un repas est distribué plus de 12 heures après le précédent.

- L'inconfort au moment des repas :
L'alimentation des chevaux en stalle provoque parfois un inconfort qui ne leur permet pas de manger tranquillement tout en grignotant du foin qu'il ira tremper dans son abreuvoir. A signaler d'ailleurs que l'absence d'eau au moment du repas aggrave toujours la situation.
On sait que le fait de manger « Ã  hauteur Â» de mangeoire n'est pas très favorable aux chevaux. Il est vrai que la construction des mangeoires nécessite des normes de sécurité pour éviter les accidents de box au niveau des jambes. Cependant, dans la nature, c'est bien au sol que les chevaux viennent chercher leur nourriture. Toute leur anatomie est adaptée à la consommation au sol.

- Le retour du pré : un cheval adapté à un régime d'herbe au paddock salive peu. Il aura donc beaucoup de difficulté, au box le soir, à s'adapter brutalement à un régime de granulés sec. En effet, dans le cas d'un régime de granulé secs, le même cheval devra se mettre à produire une salive très abondante.

- Une mauvaise dentition : l'usure naturelle des dents du cheval n'est pas toujours régulière. Aussi, périodiquement, si la table dentaire n'est pas « Ã©galisée Â», le cheval mastiquera de plus en plus mal, jusqu'à avaler directement ses aliments. Le cheval étant un broyeur, son Å“sophage n'est pas du tout adapté à la déglutition de morceaux de granulés non broyés.

- Des aliments trop secs ou de forme inappropriée :
Un cheval qui ne peut pas boire en permanence de l'eau propre à volonté se trouvera également en danger. Généralement, les chevaux boivent en mangeant afin de s'humecter l'œsophage.
En période sèche, les granulés risquent d'être fabriqués et/ou conservés à des taux d'hygrométrie inférieurs à 10%. Cet aspect nous rappelle que le cheval est adapté à la consommation d'aliments humides. Il aura donc beaucoup de difficultés à déglutir des granulés trop secs.
La forme des granulés peut également avoir une incidence directe : un granulé d'une trop grande longueur favorise les bouchons. Dans ce cas, un cheval va casser les granulés longs, et en avaler des morceaux entiers sans parvenir à les broyer totalement.

L'Å“sophage du cheval est très long et étroit. Il n'est pas en mesure de déglutir des « paquets Â» entiers de nourriture. Dans la nature le cheval doit baisser l'encolure jusqu'au sol pour récolter sa nourriture. Ce geste si anodin en apparence est le meilleur garant d'une consommation lente, et donc bien adaptée à l'anatomie du cheval. Au box, déposez les aliments dans la litière directement ou sur le foin que vous venez de disposer au sol.

Bertrand de Rancour, nutritionniste équin indépendant
Pour en savoir plus : www.alimentation-cheval.org

QUESTION 1
Quels sont les facteurs les plus déterminants dans l'obstruction de l'Å“sophage ?
Les causes prédisposant à l'engouement sont hiérarchisées dans l'article des plus importantes au moins importantes. Cependant, ce qui est très surprenant dans la réalité, c'est justement le fait que, lorsqu'on doit gérer un problème d'obstruction, il est souvent difficile d'identifier le paramètre le plus important. Une chose est certaine, c'est que, pour qu'apparaisse le problème, il faut la conjonction de 2 ou 3 facteurs qui agissent simultanément. Une seule erreur d'alimentation ne suffit jamais à déclencher un tel accident alimentaire.
Dans le cas où vous avez à gérer un cheval récidiviste, ou bien dans le cas où vous n'êtes pas certain d'avoir éliminé toutes les causes prédisposant, vous pouvez distribuer le granulé au sol, directement dans la paille. L'endroit le plus propre du box se trouve sous la mangeoire. De cette façon, votre cheval mettra du temps à rechercher chaque particule d'aliment dans la paille. Ne vous faites pas de soucis, il est économe et ne gaspillera rien.
Le mouillage des rations est également un excellent moyen d'éviter le problème. On hésite souvent à le faire avec des granulés. La préparation n'est en effet pas très belle à voir ni appétissante pour un humain. Cependant beaucoup de chevaux se font plaisir de cette façon et ne renouvellent plus d'épisode d'engouement.

QUESTION 2
Cheval récidiviste

Votre cheval récidive mais ces crises se passent rapidement sans l'intervention d'un vétérinaire. Vous risquez dans ce cas d'aggraver la situation. En réalité, si les chevaux ne montrent pas de signe de douleur après une crise, il arrive fréquemment qu'une inflammation persiste localement. Ainsi la paroi de l'œsophage s'épaissira réduisant le diamètre de déglutition. Les récidives deviendront alors très fréquentes laissant parfois une lésion irréversible. Il est nécessaire alors après un véritable soin vétérinaire de prendre toutes les précautions qui ont été citées dans ces pages.

QUESTION 3
Les jabots oesophagiens
Sauf en cas d'anomalie congénitale, ces jabots se forment juste au-dessus de la lésion oesophagienne handicapant définitivement les chevaux. Il est possible qu'ils ne puissent plus jamais manger de foin en brin long, de granulés ou de céréales. Il faut alors leur préparer une sorte de soupe composée de son, de farine de céréales trempées et de fibres courtes. Ainsi, la soupe aura tendance à mieux s'écouler dans l'œsophage, plutôt que de venir se bloquer dans le jabot.

26/04/2012

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