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Bien préparer et détecter le poulinage

Des facteurs physiologiques peuvent influer sur la durée de gestation. Surveiller cette durée, bien préparer sa jument pour le poulinage, être attentif aux signes annonciateurs du poulinage, autant de facteurs de réussite pour l’arrivée de votre poulain.  


Une durée de gestation variable.
La durée moyenne de gestation est de 338-340 jours (11 mois), mais les limites extrêmes d’une gestation normale sont de 310 à 374 jours.
Cette variabilité peut être expliquée par des raisons physiologiques. Le principal facteur agissant sur la durée de gestation est la saison : les gestations commençant en hiver et au printemps sont souvent plus longues celles débutant en été. D’autre part, les juments bien nourries semblent avoir une gestation légèrement plus courte que les juments ayant juste une ration d’entretien. Enfin, le sexe du poulain semble avoir un effet : les mâles seraient portés 2 à 3 jours de plus que les femelles.
Les durées anormales sont en gestation courte : les poulains nés avant 320 jours sont considérés comme prématurés.

La préparation de la jument : une phase essentielle.
La bonne santé, l’état corporel et le bien-être de la poulinière sont des points nécessaires pour envisager sereinement le poulinage.
Il est donc fondamental que les poulinières soient correctement alimentées; elles doivent être en bel état ni trop maigre car d’une part une éventuelle amyotrophie marquée pourrait rendre les efforts musculaires expulsifs peu ou pas efficaces, d’autre part la qualité du pic de lactation dépend beaucoup de l’état corporel avant le poulinage. Les poulinières ne doivent pas être trop grasses non plus sous peine de l’exposer à d’éventuelles problèmes lors du part.
Les poulinières doivent être correctement vermifugées; d’une part car une infestation parasitaire nuit à un bon état corporel et d’autre part les poulains se contaminent via les crottins infestés.
Il faut faire contrôler annuellement les bouches des poulinières; on rencontre très fréquemment des surdents très importantes ou des problèmes de nivellement des tables dentaires. Ce qui induit une mauvaise mastication donc une mauvaise digestion et donc soit une perte d’état corporel soit la nécessité d’augmenter la quantité de concentrés distribués (risques de déséquilibres alimentaires pouvant être très graves : diarrhée, coliques..., surcoût financier lié à l’alimentation).
Les poulinières doivent être correctement vaccinées : tétanos, grippe et rhinopneumonie.
Il est fondamental que la poulinière soit dans l’environnement où elle va pouliner depuis suffisamment longtemps (au moins 3 semaines / 1mois) afin que les anticorps synthétisés soient opportuns pour pouvoir protéger le poulain d’éventuelles infections dues à des bactéries d’environnement (par exemple lors de scepticémie, de omphalite...)

Savoir reconnaître les signes annonciateurs de maladies pré-natales.
Des signes de coliques sourdes sont souvent observés dans les dernières semaines, les derniers jours de la gestation. Le problème est qu’il est particulièrement difficile d’estimer si ces petites coliques sont « normales » alors souvent liées à des mouvements du poulain dans l’utérus ou si malheureusement elles peuvent être annonciatrices de problèmes plus ou moins difficiles à gérer comme par exemple les torsions utérines.
Il peut être difficile voire impossible de faire la différence entre des signes évocateurs d’avortement tardif (rhinopneumonie, taux anormale de la progestérone) et ceux annonçant l’imminence d’un poulinage normale.

Surveillance humaine.
La date de saillie est un critère peu fiable.
Dans les semaines qui précédent le poulinage, la mamelle commence à se remplir et on peut rapidement obtenir une sécrétion lactée claire. Les modifications d’apparence de ces sécrétions constituent un critère de prédiction du poulinage :
- lorsque les sécrétions passent de transparentes et très liquides à grises et un peu collantes, il est temps de commencer la surveillance du poulinage.
- lorsque les sécrétions passent à la couleur blanche et visqueuses, le poulinage est imminent, et peut survenir dans les heures qui viennent.
On constate également un œdème vulvaire et effacement des plis vulvaires.

Dosages.
La préparation au poulinage est accompagnée par une modification de la composition de la sécrétion lactée. Les concentrations en calcium et en potassium restent stables au départ puis elles augmentent en même temps que la concentration en sodium diminue. Il existe une méthode un peu complexe qui permet en dosant les concentrations en sodium, potassium et calcium d’estimer la date du poulinage. Cette méthode ne peut toutefois estimer le poulinage qu’à un ou deux jours prés.
De façon plus pratique, on peut uniquement évaluer le taux en calcium. On utilise des bandelettes colorées, utilisées pour un dosage semi-quantitatif de la dureté de l’eau. On dilue un millilitre de sécrétion mammaire dans cinq millilitre d’eau distillée. Après mélange, on trempe la bandelette, puis on attend une minute que la réaction colorée se fasse. Si les 4 bandes ont viré, on estime que la jument va pouliner dans les 24 à 48 heures.
Ces techniques sont jugées comme assez fiables pour les juments de sang. Attention, les primipares peuvent pouliner un peu plus tôt que prévu, à l’inverse, les juments ayant eu beaucoup de poulains ont tendance à pouliner un peu plus tard. Pour les ponettes, les critères sont un peu moins fiables. Il y a peu de données sur l’utilisation de cette technique chez les juments de races lourdes. Cette technique ne peut pas être utilisée chez les juments qui perdent beaucoup de lait avant le poulinage.
Il également possible d’utiliser les différents types de ceintures de détection ou la technique des aimants à la vulve.
Dès que le poulain passe le canal cervical, les lèvres de la vulve s’écartent. Cette ouverture mécanique peut être détectée grâce à certains appareils spéciaux qui se cousent aux lèvres de la vulve ou mis en place dans le vagin quelques jours avant la mise-bas.
Au début du poulinage, l’appareil se déclenche et une sonnerie alerte la personne en charge de la surveillance du poulinage.
Ces méthodes sont assez onéreuses et ne sont pas fiables à 100 %.

Dr. Alix Martin et Nicolas Delalande
26/03/2009

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