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Bernard Maurel : « On n’a pas à rougir de notre niveau de dressage »

Ancien directeur des Haras nationaux, en particulier celui de Rosières-aux-Salines dans les années 90, spécialiste du dressage, des chevaux comme des cavaliers de dressage, Bernard Maurel, aujourd’hui retraité, consacre une partie de son temps à la formation des juges de dressage. Il était à ce titre à Vittel le week-end dernier. Il explique le sens de cette démarche voulue par la FFE et les responsables du dressage.

C’est une synergie excellente entre Corinne Delhaye-Schelcher, qui est la présidente de la commission dressage du CRE Grand Est, et le CFJD (le club français des juges de dressage) où l’intérim de la présidence après le décès Dominique Fontaine est fait par Valérie Bouygues. Les objectifs de ce club ce n’est pas de se substituer du tout à tout ce qui est fait au niveau fédéral ou CRE en matière de formation des juges, mais d’organiser des formations autour du rectangle, c’est-à-dire on ouvre à un maximum de gens qui sont déjà juges ou intéressés par le jugement, on leur dit « Venez, on regarde des reprises en vrai, on commente, on vous donne toutes les bases du jugement mais dans un objectif très pratique. Ce ne sont pas des formations comme on fait en salle avec des vidéos et de la théorie. Ce sont vraiment des formations pratiques. Il y a une douzaine d’inscrits et au total avec les gens qui jugent et qui viennent écouter et repartent, comme on a un très bon système de microémetteur et d’audio d’oreillettes individuel, tout le monde peut se brancher et se débrancher et donc ça fonctionne très bien surtout que le site de Vittel s’y prête à merveille. On est bien accueilli, l’équipe est souriante et donc cela fait une synergie avec l’organisateur du concours, le CRE et le CFJD » 

Vous faites ces formations dans toutes les régions ?

« En fait en février quand on a eu le cours des juges français qui était fait par Raphaël Saleh, mon ancien élève  dont je suis très fier du parcours parce  16 ans après moi, il va juger les Championnats du Monde,  on avait la présidente de la commission de dressage Annick Dauban, on avait Lionel Du Tranoy membre du Comité Fédéral et Emmanuelle Schramm DTN adjoint chargée du dressage, et tous les trois ensemble nous ont dit : « On veut vraiment relancer, on veut vraiment développer, on a d’une part l’objectif de Paris 2024, ça, ça concerne le très haut niveau, et puis d’autre part on est complètement conscients, avec l’accord du Président de la Fédération qu’il faut qu’on axe surtout notre discipline, c’est peut être encore plus valable pour d’autres spécialités,  sur le bien-être animal, le respect du cheval, et les juges sont essentiels pour ça ». Ce projet m’a vraiment motivé parce que maintenant que je suis retraité, je fais aussi l’entraîneur et j’adore ça parce que les chevaux je connais un petit peu depuis le temps, et  on comprend aussi ce qu’ils disent dans leur langage corporel et puis je continue à lire des trucs scientifiques parce qu’il faut se former tout le temps, et je me suis dit s’ils sont demandeurs je suis ravi de passer du temps à les aider parce que là on voit qu’il y a une dynamique, tout le monde ensemble dans la bonne direction ».

Vous partagez les idées, les façons de juger ?

« Quand on juge ce ne sont pas des idées, ce sont des observables et c’est le plus objectif possible. On essaie que le miroir que donne le juge ne soit pas un miroir pas déformé. C’est-à-dire que quand les gens lisent leurs protocoles ils se disent « oui, oui, ça j’ai réussi, ça j’ai raté, globalement c’était ça, je retrouve les sentiments que j’ai eus dans l’appréciation du juge ».

On juge des reprises. Ce matin c’était la B2 donc l’Amateur 1 préliminaire, en début d’après-midi la C2, l’Amateur 2 préliminaire, et là on va juger l’Amateur 3.  Il s’agit vraiment de les alerter sur les fondamentaux des bases du dressage. Je ne leur parle pas de rassembler, de choses comme ça, de temps en temps je raconte une petite histoire pour motiver, mais j’essaye de leur montrer que les fondamentaux sont les mêmes, c’est à dire la correction des allures, pas-trot-galop, le cheval souple et décontracté, 2e fondamental et le cheval sur la main, ce sont les fondamentaux qui permettent de préparer le reste mais ces fondamentaux-là ce sont les trois premiers échelons de l’échelle de progression qui est reconnue dans le monde entier. Même si l’impulsion bien sûr on y pense dès le début, la rectitude on y pense dès le début et puis le rassembler on veut tous aller vers ça mais pour l’instant pour juger ces niveaux-là il faut insister sur les fondamentaux, donc je me permets de leur dire « non ça n’est pas essentiel, ça c’est important », pour que tout le monde connaisse bien la règle du jeu ».

Quel est le quotidien de Bernard Morel aujourd’hui ? 

« Comme retraité, Je n’arrête pas. Les formations puis l’écriture. Le 2e bouquin « Le cheval difficile » est sorti au printemps chez Vigot. Cette année le Cadre Noir a édité les « Souvenirs équestres du Général Wattel », ça vient de sortir grâce au travail de Jean-Pierre Tuloup d’abord, et un petit peu le mien. En accord avec la famille du général puisque ce sont ses souvenirs destinés uniquement à ses enfants, ses petits-enfants et arrières petits-enfants et il y en a beaucoup. Il avait dit « Je ne veux pas qu’on les publie », mais comme ils ont tous été d’accord ils viennent d’être publiés par le Cadre Noir. En plus ce n’est pas si vieux que ça parce que les photos de l’époque ce sont les photos de mes grands-parents, les photos des arrières grands-parents des gens qui ont 40 ans aujourd’hui. La jeune génération va trouver que c’est très ancien mais c’est le type qui a connu le passage de la monte assise à l’obstacle, à la monte en avant, qui était connu pour savoir dresser n’importe quel cheval. La partie souvenir est très importante, la partie note équestre est courte mais ce sont des notes basées sur une expérience exceptionnelle où il donne quelques petits conseils et la phrase de conclusion est spécialement géniale : c’est un livre que je recommande parce que basé sur la tradition équestre. Cela montre que nous les Français on n’a pas du tout à rougir et qu’on peut tout à fait être bons dans cette discipline ».

Recueillis par ER

16/06/2022

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