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Axel Kahn « un type bien » par Jean-Louis Gouraud

  • Jean-Louis Gouraud et Axel Kahn en 2014, nommés tous deux « Ambassadeurs » des Jeux Equestres Mondiaux
    Jean-Louis Gouraud et Axel Kahn en 2014, nommés tous deux « Ambassadeurs » des Jeux Equestres Mondiaux
Dans une interview accordée quelques jours avant sa mort à François Busnel (dans La Grande Librairie, sur France 5), l’illustre généticien Axel Kahn déclarait que la seule chose qui l’importait, à lui qui ne croyait pas à un au-delà, était qu’on puisse dire de lui, après sa mort, qu’il avait été « un type bien ».

Je suis triste de sa disparition, mais heureux de pouvoir lui donner satisfaction et de confirmer ici que, oui, Axel Kahn était « un type bien ».

D’abord, et cela pourrait suffire à justifier l’affirmation, Axel Kahn, peu de gens le savent, aimait les chevaux. Il avait découvert l’équitation au cours de son service militaire, où il avait été placé comme coopérant en Afrique. C’était en 1967. Axel n’avait que 23 ans : tout jeune médecin, il avait été envoyé diriger les services de santé d’une préfecture de brousse. C’est là qu’il dut monter pour la première fois à cheval, simplement pour pouvoir se déplacer d’un point à un autre. A cru, sans étriers !

Plus tard, beaucoup plus tard, en 1988, un peu pour faire plaisir à sa compagne de l’époque, « j’ai acquis, raconta-t-il, un domaine de 50 hectares en Bretagne. Une ancienne abbaye du XVIIe siècle. J’y ai installé un club hippique. J’étais alors directeur d’une unité de l’INSERM et présidais en même temps la commission du génie bio moléculaire : donc peu de temps de libre. Mais tous mes loisirs étaient consacrés à notre centre équestre. Nous avons eu jusqu’à une douzaine de chevaux et une dizaine de poneys, quelques pur-sang, des anglo-arabes, mais surtout des trotteurs. J’animais les promenades, je donnais des leçons, j’organisais la récolte du foin. Cela a duré dix ans : un divorce a mis un terme à l’aventure. J’ai tout vendu - sauf deux juments ».

Tous ces détails peu connus je les tiens d’Axel Kahn lui-même, qui me les confia au cours d’un entretien qu’il voulut bien m’accorder à un moment où je préparais un numéro d’une belle revue (aujourd’hui disparue, hélas !), cheval-chevaux, dans lequel je voulais aborder la délicate question de  la « pureté » des races chevalines (Pur-sang et sang impur, Le Rocher, 2009).

Malgré un emploi du temps surchargé (il présidait alors l’Université Paris-Descartes), il avait bien voulu me recevoir, en compagnie de mes amis Marion Scali et Jean-Pierre Digard, pour une longue interview, qui l’occupa (et nous passionna) toute la matinée du samedi 28 mars 2009.

Il faudrait rééditer un jour le texte intégral de cette interview-fleuve, dans laquelle Axel raconte, notamment, sa liaison amoureuse avec ses juments, Kathy (Cathy) et Dame (puis Hélène).

Une des caractéristiques de Axel Kahn, qui font de lui « un type bien » est sa générosité, sa disponibilité, sa capacité à toujours trouver du temps pour satisfaire les demandes dont il est constamment assailli.

J’en ai eu maintes fois la preuve. Une fois encore, lorsque j’ai fait appel à lui, à la demande de Fabien Grobon, qui dirigeait le Comité d’Organisation des Jeux Equestres Mondiaux (qui se sont tenus en Normandie au cours de l’été 2014). Voulant faire comprendre que ces Jeux n’étaient pas réservés aux seuls amateurs d’équitation sportive, mais ouverts au contraire à tous ceux qui aiment les chevaux, Fabien chercha à s’entourer de passionnés « issus de la société civile », c’est-à-dire n’appartenant pas nécessairement au cercle étroit des cavaliers de sport, mais à d’autres mondes : les affaires, l’université, les arts, la presse. Il eut pour cela l’idée de créer un corps d’« Ambassadeurs » chargés de faire la promotion des JEM dans leur propre milieu. Fabien recruta pour ce faire des comédiens, des chanteurs à la mode. Lorsque je lui fis remarquer qu’il serait bon d’impliquer d’autres vedettes que des saltimbanques, il me prit au mot - et me confia le soin de trouver l’oiseau rare qui, par sa seule présence, rehausserait un peu le niveau. Je pensai bien sûr à Axel Kahn, qui accepta aussitôt, sans barguigner ni faire de manières.

Il en fut de même lorsque, l’année suivante, le fondateur du Haras de la Cense, William Kriegel, me sollicita pour l’aider à trouver une sommité pour présider, le 18 septembre 2015, des Rencontres ayant pour thème « le bien-être du cheval : éthologie, équitation et éthique ». Là encore, Axel Kahn accepta généreusement de venir présider ces Assises, participer aux débats - et même préfacer les Actes qui en furent tirés (Equitation éthologique/Equitation éthique, Favre, 2016).

Non content de cette contribution prestigieuse (et, précisons-le, bénévole), Axel Kahn - soutenu dans cette entreprise par son ami le professeur Eric Peuchot - favorisa la création d’un DU (Diplôme Universitaire), « Ethique, Bien-Être et Droit du cheval » à la Faculté de Droit de l’Université Paris-Descartes, en partenariat avec le Haras de la Cense.

Avant de s’éteindre, le 6 juillet, Axel Kahn avait dit à François Busnel qu’il quitterait ce monde en toute sérénité, avec le sentiment d’une vie correctement accomplie. Je ne peux m’empêcher de penser qu’un des secrets de cette sérénité est sa proximité avec les chevaux. Dans les dernières lignes de la préface qu’il a donnée aux Actes des Rencontres évoquées plus haut, il écrit ceci : « J’ai connu dans ma vie maintes joies, maintes émotions, il m’a semblé dans des moments privilégiés accéder au bonheur. Parfois, ce fut avec mes chevaux. »

15/07/2021

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