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Anne de Sainte Marie : « Un plan Marshall pour la formation »

Candidate à la présidence de la FFE, Anne de Sainte Marie sillonne la France des centres équestres pour faire entendre sa voix. Le discours est bien construit et ses propositions suscitent un réel intérêt. C’était du moins le cas à Vittel où nous l’avons rencontrée. L’aristo, comme elle se définit, a donc décidé de « mettre les mains dans le cambouis ». Elle s’explique.

Quelle idée de se présenter à la candidature de la présidence de la FFE ?

C’est le bon moment ! Depuis une dizaine d’années on est en perte de vitesse sur l’équitation et il y a besoin d’un vrai renouveau qui respecte ce qui a été fait par le passé et qui s’inscrive dans la continuité avec une vision plus prospective et plus en accord avec la société d’aujourd’hui. 

Prospective, ça veut dire ?

Et bien de regarder dans les 10 prochaines années. Construire aujourd’hui, pour aujourd’hui et pour les 10 prochaines années. 

Qu’est-ce qui vous déplait dans la présidence actuelle ?

Il n’y a pas de choses qui me déplaisent, je pense qu’il y a un manque de perspective justement, et qu’il y a eu une équipe qui a eu une vision exceptionnelle il y a 30 ans, qui l’a construite et qui a réussi à la mettre en œuvre. Aujourd’hui pour moi il y a une absence de vision, c’est-à-dire où est-ce qu’on va ? Comment on met le cheval au cœur de la société. Pour moi ce n’est pas que le ralentissement de la croissance, c’est une conséquence d’une vision et d’une approche du cheval qui était complètement dans la société dans la tendance des années 2000, et qui aujourd’hui commence à être passée de mode et on ne raconte pas l’histoire que le public a envie d’entendre autour du cheval, de l’animal et des pratiques équestres.

Ton programme est basé sur quelles valeurs ?

Les valeurs : le cheval, le cheval, le cheval ! On parle d’équitation, je pense qu’il faut remettre le cheval devant toutes les pratiques, à la fois pour fédérer tous les acteurs de l’équitation et à la fois parce que c’est ce que le public vient chercher. La relation au cheval, que ce soit sur une pratique sportive jusqu’à la haute performance ou pour se promener, ou pour faire de la médiation avec des personnes en situation de handicap, on a un enjeu à remettre le cheval dedans avec un vrai programme autour de la qualité. Aujourd’hui notre société de services exige un niveau de qualité énorme et qui est croissant en fait, même par rapport au passé. On doit grandir en qualité, ça veut dire avoir à chaque fois des identités de structure, organisation, clubs centres de tourisme équestre, on doit avoir une vraie identité et reconnaître l’identité de chacun, c’est-à-dire une fédération qui n’est pas une franchise de club standard mais qui reconnaît l’identité, les spécificités et les qualités de chaque structure pour pouvoir proposer une diversité au public et donc répondre à tous les publics, l’enfant, l’homme, la fille, la femme, le jeune senior. 

Ce n’est pas très différent de ce qui se pratique actuellement ?

Sur la qualité je pense qu’on peut en parler quand même. Sur la qualité de ce qu’on propose. Si tu veux aujourd’hui on a diversifié les activités, c’est-à-dire qu’il y a beaucoup d’activités mais on a dit « tu le fais dans un club » et tous les clubs font la même chose. Moi ce que je dis, la diversité très bien, adressons-nous à tous les publics mais incitons chaque structure à choisir sa couleur, sa couleur verte, sa couleur compet, sa couleur médiation, ça c’est différent profondément. 

Des pistes nouvelles pour la formation ?

Oui, il faut qu’on fasse un plan Marshall de la formation. Aujourd’hui ce n’est pas satisfaisant, ça ne veut pas dire que c’est facile, ça ne veut pas dire que ça n’a pas répondu à une explosion des besoins en formation face à un boom de l’activité, mais aujourd’hui on a un manque d’attractivité, il n’y a plus d’enseignants, et un manque de rapport demandes-offres, c’est-à-dire que les structures ne trouvent pas les enseignants dont ils ont besoin dans les compétences, et on a des jeunes qui ne rentrent pas dans le métier ou qui abandonnent au bout de 2 ans, donc il faut faire un plan Marshall d’abord sur la formation continue pour faire évoluer les enseignants actuels, ils ne sont pas à jeter à la poubelle, pas du tout, ce sont des gens de valeur mais à qui il faut donner les compétences, et il faut réformer en profondeur la formation initiale. 

Et sur le haut niveau ?

Je suis très au clair là-dessus. Ce qui a été fait depuis quelques années, en tout cas impulsé par Sophie Dubourg, je trouve que la direction est excellente, il faut maintenir ça, s’inscrire dans la continuité, pour Tokyo ce n’est pas négociable, et pour Paris à fortiori, avec un renfort sur les jeunes talents, faire accéder les jeunes au haut niveau, issus d’autres que les filières classiques que sont les enfants de professionnels ou enfants de fortunés.

Si tu es élue, tu vends Lamotte-Beuvron ?

Ah non ! (rires) C’est un trop bel outil, c’est une trop belle construction, par contre il faut l’évaluer clairement. On manque quand même de transparence aujourd’hui sur la réalité des coûts, des investissements, et ensuite il faut avoir une politique de la même manière, rationnelle, qui optimise l’outil et qui fait qu’on l’emploie à 100 %.

41 millions de chiffre d’affaire, ça ne te fait pas peur à gérer ?

42 (rires). 

Moins cette année ?

Oui, moins cette année.

Si tu es élue tu vas être la présidente du renouveau ?

Oui. 

Grâce au Covid.

Oui, je serai la présidente du monde d’après (rires).

Les grandes dates de ta vie ?

Cavalière-enseignante d’équitation, j’ai commencé au Salon du Cheval de Paris pendant 4 ans où j’étais directrice événementielle, de 2010 à 2013 je suis membre de la DTN de la Fédération Française d’Equitation, où je suis sur des missions de haut niveau, je suis cheffe de mission à Londres, avec Paillot sur la FEI, et puis je suis en charge du Groupe JO-JEM dans les 3 disciplines olympiques, 2014 je deviens directrice de La Cense pendant 6 ans, j’ai arrêté La Cense au 30 octobre pour me consacrer à cette candidature, et depuis 2 ans je suis vice-présidente du CRE Ile-de-France et je suis membre du Conseil d’Administration du Comité Régionale Olympique et Sportif.

C’est un budget de parcourir la France comme ça ?

Oui, en fait j’ai créé une association pour la campagne, j’ai réalisé une levée de fonds avec un certificateur de comptes, et donc je finance. C’est un budget de 100 000 €.

Candidate des abstentionnistes ?

Je pense qu’on ne peut pas dire qu’une Fédération représente l’équitation avec 65% d’abstention, c’est de toute façon un problème, que ce soit pour Serge ou pour qui que ce soit. C’est un problème, on n’a pas de légitimité si on est élu avec 25% des voix. 

Tu es dans le mouvement des indignés ?

Non. En tout cas je respecte ce qu’ils ont fait, ils ont eu le mérite de proposer une alternative, mais ce n’est pas ma conviction. D’ailleurs tu le vois à l’équipe, tous les lundis je publie des portraits de l’équipe, je vais faire ça tout l’été. Pour l’équipe élargie et la liste des 30 noms, ce sera à la rentrée. 

E. R.

17/07/2020

Actualités régionales