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Anjou terre de Complet (3): Arnaud Boiteau, une belle histoire sportive

  • Arnaud Boiteau/Quoriano
    Arnaud Boiteau/Quoriano
Arnaud Boiteau est angevin, de souche, puisque né à Angers. Issu d’une famille de cavaliers amateurs, il a toujours connu l’ « ambiance cheval » chez lui. Son père, Jean, est professeur de Lettres à Angers, mais monte assidûment en complet. Pourtant, Arnaud ne vient au cheval qu’après les années tennis et foot… Mais lorsqu’il démarre, il devient le complice de son père, et ils se retrouvent dans une passion commune, la fièvre du complet.


A 15 ans, après avoir été mis à cheval à la maison, Arnaud passe son éperon d’argent, dans un club voisin, à Saint-Barthélémy d’Anjou. Il y reçoit, entre autres, l’enseignement d’un certain Michel Asseray, élève moniteur…, élève moniteur qui a d’ailleurs été amené à l’équitation par la passion que l’un de ses professeurs de français de collège, nommé Jean Boiteau, a su lui communiquer !


A cette époque, Jean Boiteau travaille un cheval de 2*, Orphé des Ponts. Après les réussites en concours locaux, il le prête à son fils pour les championnats de France junior de 1991, à Dijon : ce sera une 6e place et une présélection pour les championnats d’Europe. Pourtant, la famille Boiteau, enseignante par tradition, l’incite à faire des études et il entame une licence d’histoire-géo à l’université d’Angers. Mais au moment de faire le break pour préparer CAPES et Agrégation, le jeune homme comprend qu’il n’est pas engagé dans la voie qui lui convient, sa passion du monde cheval étant trop grande : il parlemente avec ses parents et modifie la trajectoire de cette destinée qui semblait toute tracée… En 1996, il obtient son monitorat à Laval.


1997, son père, très impliqué dans l’organisation des Mondiaux du Lion, rentre un soir d’une réunion de préparation avec une grande information : Andrew Nicholson recherche un cavalier, français ! C’est le « flash » pour Arnaud qui aborde le Maître sur le concours et s’entend avec. Très vite, c’est le départ Outre-Atlantique, pour 18 mois, en compagnie de Cabri du Palluau, née dans l’élevage familial, avec laquelle il a été classé sur le 2* de Compiègne et qui lui a permis d’être inscrit sur la liste des athlètes de haut niveau, et de préparer son BE2 comme athlète de haut niveau à l’ENE… Aujourd’hui, Arnaud est, retour du destin, le responsable à l’IFCE, de cette formation de haut niveau…


1997 et 1998 le voient donc chez Niccholson. C’est un univers paradoxal : il est aussi fantastique qu’il est difficile. La qualité, la quantité de travail y sont uniques et Arnaud apprend beaucoup dans cette écurie de 30 chevaux de CCI où trois cavaliers seulement œuvrent au quotidien. Dans un système de fabrique du grand sport, le jeune homme se forme, bien sûr techniquement, mais aussi apprend comment gérer une équipe dédiée au très haut niveau : « c’est incomparable » pour lui, même dans ce pays du complet ! Après avoir pris de l’expérience, il est donc temps de rentrer et de se forger un nom dans le sport français.


En 2000, c’est l’année du concours d’entrée à l’ENE, qu’il réussit avec enthousiasme. Cabri, toujours fidèle, le suit à Saumur, même si, en 1999, un certain Expo est rentré dans la famille…


La belle rencontre :


En effet, celui-ci a frappé l’œil du père et du fils dès leur première rencontre. Né en Champagne-Ardennes, d’une histoire originale, ce cheval était décidément fait pour eux. Son naisseur, ne connaissant que peu le monde équestre, avait décidé, un peu par caprice, de produire un poulain. Ayant trouvé une réformée des courses, il avait choisi par coup de cœur, l’étalon à lui associer. Après la naissance chaotique du poulain, plusieurs années plus tard, il décide de ne pas garder le jeune cheval. Après plusieurs essais pour le vendre, difficiles, car le cheval au physique délicat de grand adolescent n’attire pas, il est envoyé à Becon-Les-Granits et court en classiques de CSO sur lesquels Arnaud le remarque. Le hasard fait que les Boiteau sont un jour spectateurs de l’essai du cheval, qui travaille très bien, mais qui se déferre en fin de travail, et ne peut pas repartir avec son cavalier pour l’Angleterre puisqu’il boite… Huit jours après, Expo a une nouvelle famille, angevine, chez les Boiteau… Il n’a jamais encore sauté le moindre tronc. Pourtant, Thierry Touzaint, l’ayant vu à ses débuts à l’ENE a été vite enthousiaste : « il fera 3* ». Le cheval, ce jour-là, avait en effet montré dans la carrière Morgat une réactivité, une frappe et une classe de galop hors-normes. Dès octobre, Arnaud et Expo sont engagés au Mondial du Lion de 1999, qui, même si la préparation a été éclair, se soldera par un bon résultat avec un refus sur le cross sur une épreuve rendue difficile par la météo (l’année ne comptera que 2 ou 3 maxi…). Et le travail s’enclenche.


En 2000, belle preuve de confiance de Thierry Touzaint : le jeune couple n’a jamais couru de classes A, mais le sélectionneur les envoie à Boekolo sur le 3*. A nouveau, une année terrible au niveau de la météo, à nouveau très peu de maxi sur le cross. Mais cette fois, Arnaud et Expo en sont, avec de grands noms comme M. Todd. Le concours se solde par une remarquable 7e place. Alors, c’est la révélation, Expo est un « cheval en or », qui suscite beaucoup de convoitises, de par ses capacités, mais aussi de par sa santé : il récupère très facilement, présente la physiologie d’un athlète exceptionnel … De 2002 à 2010, il permettra à son cavalier d’être de toutes les grandes échéances (avec une interruption en 2008) ! En 2002, c’est les mondiaux espagnols; en 2003, les Europe en Irlande; en 2004, les JO d’Athènes; en 2005, les Europe de Blenheim; en 2006, les championnats du Monde d’Aix la Chapelle; en 2007, les Europe de Pratoni del Vivaro; en 2009, les Europe de Fontainebleau et en 2010, les Mondiaux de Lexington. Quelques belles cartes postales ! Cette carrière exceptionnelle est de plus jalonnée de titres majeurs : Arnaud et Expo sont plusieurs fois vice-champions d’Europe par équipe, et médaillés d’or à Athènes. Si l’on ajoute les participations en 2002 et 2003 à Badminton, les nombreux classements en 3*, la légion d’honneur, on comprend qu’Arnaud estime que son compagnon est le « cheval d’une vie, incontestablement ». En 2009, après un très bon début de concours aux championnats d’Europe à Fontainebleau, où les deux complices pointent à la 5e place après le cross et rêvent légitimement d’un accessit puisqu’ils connaissant leur fiabilité sur les barres, c’est l’inattendu : une entorse les empêche de repartir sauter. Malgré la sévérité de la blessure, pour laquelle les vétérinaires étaient très pessimistes, le champion se remet. Il est très performant en 2010, classé au 3* du Pin, 2e à Saumur derrière Andrew Nicholson et s’envole pour Lexington. Mais le cheval qui a 18 ans est fatigué, moins allant que d’habitude, et s’arrête deux fois sur le cross… Au retour, la famille décide de lui accorder le repos : il vient habiter auprès d’eux, pour une retraite dorée qu’il poursuit aujourd’hui, en pleine forme.


Et maintenant :


Quoriano doit prendre la relève. Il est propriété de l’IFCE mais a été élu par Arnaud. Choisi tout d’abord sur quelques images rapides sur une VHS à 4 ans, où il montre une qualité exceptionnelle, il est vite sélectionné par son cavalier qui éprouve de vraies sensations, de suite, avec lui. Lorsqu’il arrive, il n’a pas de travail et se révèle rapidement difficile. Avec une taille inférieure à celle d’Expo, il présente pourtant un croisement anglo-arabe x holstein intéressant… mais il faut apprendre à composer avec son caractère, à négocier, à décliner une histoire de couples, contre vents et marées. Il ne sortira qu’à 6 ans mais s’épanouira à 7 : le Mondial le voit finir à une belle 10e place, avec un cross déconcertant de facilité… Et la réussite continue : il est 5e du 3* de Blenheim à 8 ans et s’octroie une belle 15e place en 2013 aux Europe… Aujourd’hui, il est la cartouche jouée pour les JEM…


Mais Sultan affirme aussi ses prétentions…Né de la même mère que Quoriano, il a attiré l’attention, logiquement, d’Arnaud. La première visite date de 2010 : Sultan, 4 ans, est dans son pré, en Normandie, très gaillard. Sur le chemin de l’essai, dans une écurie voisine, le cheval essaye de sortir du camion… par la fenêtre… Il bascule contre la barre de poitrail, appuyé sur le pont que son naisseur ouvre dans l’urgence, trouvant alors moyen de se faire casser le nez, sous les yeux ébahis d’Arnaud ! Pourtant, l’essai peut avoir lieu : à nouveau, des sensations exceptionnelles qui amènent Sultan à rentrer dans la famille Boiteau. Le cheval se révèle doué, bien moins compliqué que Quoriano, mais beaucoup plus immature. De fait, il obtient peu de classements sur ses premières années mais se déclenche en 2013. Pour ses 8 ans, l’objectif est Blenheim, réservé aux 8-9 ans. Il devrait enchaîner sur son premier format long à 9 ans. A suivre donc.


Bien sûr, Arnaud dispose aujourd’hui d’un piquet de chevaux conséquent pour l’épauler. Qu’ils s’appellent Parador, Uero, Viktor, ou Westwork, ils préparent les échéances de demain dans les excellentes conditions que l’IFCE offre à Arnaud pour atteindre le sommet. L’entraînement au quotidien, dans les infrastructures idéales, suivi par les meilleurs intervenants et soutenu par un personnel attentif permet d’illustrer l’identité Anjou, terre de complet. Et quand, en plus, l’identité équestre est née d’une histoire familiale singulière et d’un soutien de toujours de la figure paternelle, l’histoire ne peut être que belle, et ne peut que s’embellir !


21/08/2014

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