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Aimé Dumartin, l’homme qui parle cash

  • Avec Baladine du Chanu dans son manège (© ER)
    Avec Baladine du Chanu dans son manège (© ER)
  • Chanel One et Guillaume à Fontainebleau (© ER)
    Chanel One et Guillaume à Fontainebleau (© ER)
Sacré bonhomme, Aimé Dumartin. Toujours en mouvement, toujours plein de projets, autour du cheval comme autour de son métier, l’immobilier. Homme de passions, homme du parler vrai, lucide mais non sans aménité.

A Metz, dans son fief où furent organisés les plus beaux CSI de France, nous l’avons rencontré en fin d’année 2016. Discussion à bâtons rompus, sur la vie, les sports équestres, les cavaliers, son engagement associatif (il fut président du FC Metz). Passionnant.

Catholique pratiquant, marié et heureux, précise-t-il, depuis quarante ans à une Algérienne musulmane, Aimé Dumartin est curieux du monde qui l’entoure comme aux premiers jours de ses contacts avec les chevaux, comme aux premiers jours de ses challenges professionnels. Aimé avoue ne pas prendre plaisir à regarder derrière lui mais il s’enflamme quand il raconte comment lui est venue cette connivence avec les chevaux. « Mes parents avaient deux mules avec lesquelles ils travaillaient le bois dans les forêts des Landes. Je me suis amouraché de l’odeur de ces bêtes-là et je me suis promis que, dès j’aurais un peu de sous, je m’achèterais un cheval ». Voilà comment l’histoire cheval a commencé chez les Dumartin. Elle fut gigantesque, partagée par ses enfants Stéphanie et Fabrice. Des chevaux d’exception sont passés dans leurs écuries : Ténor de Condé, Allegreto et combien d’autres que Fabrice a monté dans les plus beaux concours et au plus haut niveau. 

« Je ne gagnais  jamais »

Après son arrivée en Lorraine, Aimé a réalisé son vœu en achetant un Barbe. « Je me suis mis à la compétition avec ce cheval qui avait du trotteur dans ses origines mais je ne gagnais jamais. Comme je ne m’estimais pas plus mauvais que les autres, j’ai regardé les origines de leurs chevaux. Ils venaient tous de Normandie. J’y suis allé, j’ai vu et j’ai acheté des chevaux. J’ai rencontré des éleveurs, des marchands, Alfred Lefèvre en particulier, qui m’a inondé de chevaux. J’ai toujours de bons amis en Normandie. Il y a deux ans, aux ventes Nash, j’ai acheté au téléphone une bonne pouliche de 3 ans que Jacky Mistelli m’avait recommandée. C’est Baladine du Chanu. Elle a fait le top price à 40 000 €. Elle est là et c’est Guillaume Roland Billecart qui la monte depuis le début. Elle a beaucoup de qualités et un bon papier, Kannan-Papillon Rouge. Sa mère a bien produit, notamment Oscar du Chanu (L’Arc de Triomphe). Les chevaux m’ont fait beaucoup voyager. Je prenais des photos des écuries qui me semblaient les mieux faites. Ce que j’ai vu de mieux, c’est en Italie chez Luciano Pavarotti. Avec son autorisation, j’ai fait des photos et je me suis inspiré de sa façon de faire pour réaliser l’écurie ici. »

A la question de savoir comment il choisit ses chevaux, le regard d’Aimé s’anime. « Pas de critères très précis mais beaucoup de feeling. Je regarde la tête, l’œil et j’essaye de savoir ce qu’il a dans la tête. Ensuite je le vois sur les barres. Vous savez, chez les chevaux c’est comme chez les hommes, il y a les génies, les exceptionnels et les autres. Ténor de Condé était un grand cheval. C’est Fabrice qui l’a trouvé en Normandie à 3 ans. (fils de Muguet du Manoir, né chez feu Louis Malle à la ferme de la Carbonière à Condé-sur-Vire, également naisseur de Le Condéen NDLR). Il fut difficile à acheter. C’était un génie, malheureusement mort de coliques à 9 ans. Il stressait en camion. 

Allegretto était un seigneur, un dominant. Il n’aimait pas les autres entiers. Il avait une tête de cégétiste, il lui arrivait de faire grève sans préavis.... Vous vous souvenez à La Baule. Il était capable du meilleur comme du pire, doué mais fainéant. Nous l’avions acheté dans le Nord avec Fabrice. Quand on l’a vu sauter, on s’est dit celui-là il nous le faut. La négociation a duré trois heures dans un froid glacial. Les propriétaires, les deux frères Lebrun du haras du Montois, ne voulaient pas vendre. C’est finalement l’épouse de l’un qui, au regard de la somme proposée, leur a dit de vendre. Quel cheval ! Je crois qu’on a voulu aller trop vite avec lui. Aujourd’hui je m’y prendrais autrement ».

Tandem Clément-Guillaume 

Aimé a considérablement réduit la voilure de l’ancien Jumping 57. Toute la zone qui recevait les boxes démontables et les camions est maintenant construite. Reste tout de même un très beau site de plus de trois hectares avec le terrain en herbe, les pistes en sable et un environnement de tout premier ordre, parfaitement entretenu. C’est là que « Bill » à l’entretien, y a exercé ses talents. En retraite aujourd’hui, il y vient quasiment tous les jours « pour veiller au grain ».Quelques propriétaires-cavaliers (Charlotte Gastaldi entre autres) triés sur le volet y sont accueillis. Le patron est exigeant, il ne tolère aucun laisser-aller dans ses locaux. La moindre négligence est immédiatement sanctionnée par un renvoi. « Ceux qui ne savent pas respecter leurs chevaux et les lieux qu’ils occupent n’on rien à faire ici ». La sentence est sans appel.

« J’ai eu le bonheur de rencontrer deux garçons exceptionnels ». Aimé parle ainsi de Clément Idir, l’ancien cavalier de René Lopez (pendant 10 ans) pour lequel Clément garde une grande estime et Guillaume Roland Billecart - lui aussi passé chez René - cavalier pro installé à Lunéville. Clément a la responsabilité de l’écurie et Guillaume monte et valorise le piquet de chevaux qu’Aimé se garde pour son plaisir. « Je cherche à vendre ce domaine, il y a tout pour faire ici, dit-il malicieux en regardant Guillaume. En attendant j’ai donné les clés à ces deux garçons qui font ici un travail sérieux, en toute confiance. Clément a un truc particulier avec les chevaux, il en fait ce qu’il veut, tout en douceur. C’est un calme, jamais stressé, jamais un mot plus haut que l’autre, efficace et respectueux. Quant à Guillaume, j’aime bien sa monte et sa façon de voir les choses. Il prend son temps pour préserver l’avenir ».

Quatre chevaux constituent le piquet d’Aimé : Baladine dont nous avons parlé, prend 6 ans ; Chanel One, Holst, mâle (Catoki-Cantus) Iso 145 (0,80), finaliste à 6 ans, prend 7 ans, Freaky Liefhebber, hongre kwpn (Darco-Litho) finaliste à 4-5-6 ans, prend 7 ans, Elzas hongre kwpn (Diamant de Semilly-Cornet Obolensky), finaliste 5-6 ans, prend 8 ans. Tous sortis par Guillaume Roland Billecart.

Etienne Robert


Allegreto*Moselle

L’étalon est né chez Jacques Fossé à Laferté st Samson (76), « petit éleveur » comme il se définit, avec une seule poulinière. Sa passion pour l’élevage a vraiment commencé avec Gourgandine, la mère d’Allegreto. « Avant elle, j’avais une poulinière qui ne me plaisait pas. Je l’ai donc vendue et je me suis mis à la recherche d’une bonne pouliche avec une bonne origine. Par un « tuyau » venant d’une éleveuse de Falaise, je me suis retrouvé chez Alfred Lefèvre qui a commencé par me montrer une dizaine de livrets et les pouliches qui leur correspondaient. Dans les livrets j’avais remarqué une fille d’Uriel avec une mère par Furioso. C’est le courant de sang que je recherchais, mais la pouliche ne faisait pas partie du lot présenté. Elles étaient chacune au prix de 1 500 000 F (anciens). J’ai dit d’accord mais c’est celle qui n’est pas là que je veux. Je l’ai donc achetée sans la voir. C’était Gourgandine. Elle n’était pas très belle mais c’était une Uriel et sa mère, Mélisandre, bourrée de sang, était une bonne gagnante. Croisée à Jalisco, Gourgandine a donné Allegreto. Alfred Lefèvre est venu le voir mais nous n’avons pas fait affaire. Je l’ai vendu à 1 an aux frères Lebrun du haras du Montois dans le Nord, propriétaires à l’époque de Digne Espoir. A 1 an, Allegreto était déjà un phénomène, il sautait les clôtures. Au galop, il volait ce cheval-là. On voyait vraiment qu’il avait quelque chose en plus des autres. Je n’ai pas pu le garder car j’étais très pris par mon métier et je ne faisais saillir que lorsque le poulain était vendu. C’est toujours comme ça aujourd’hui. Gourgandine a bien produit. J’ai maintenant à l’élevage une de ses arrière-petites-filles, Ambiance d’Allegreto, fille de Captain Paul. Elle a du sang et un bon coup de saut. »

Rebaptisé Allegreto*Moselle lorsque le département de la Moselle est devenu le partenaire sportif de Fabrice Dumartin, l’étalon, entré au catalogue du Reverdy au début des années 2000, a fait une belle carrière de reproducteur avec aujourd’hui plus de 700 produits enregistrés dont plus de 500 indicés. 

E. R.

25/01/2017

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