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« RESISTANCE ET TABOU » dans la préparation mentale par Marie Caucanas

La psychologie dans le sport, un tabou : pourquoi ?   Dans la pensée collective, aller voir un psychologue c’est être faible. Cela est du à la méconnaissance de ce métier d’une part et de la confusion récurrente entre psychologue et psychiatre d’autre part.   La psychologie rappelons-le, permet de soigner des pathologies (formation en psychopathologie) oui.  Mais pas uniquement et le versant caché ou moins connu est pourtant fondamental car il permet de développer des compétences. Ce versant sera bien sur utilisé dans le domaine du sport.  La psychologie permet de développer des performances exceptionnelles. Nous voyons donc que le versant médical n’est pas celui qui caractérise uniquement la psychologie.

Cette méconnaissance de la psychologie crée donc de la confusion et une vision connotée de manière péjorative vis à vis de cette discipline. Ces idées reçues sont donc de fausses croyances véhiculées et qui créent de la résistance à consulter. Or l’étude du comportement humain, du fonctionnement psychique permet de grandes avancées pour les personnes, sportifs ou non qui font la démarche d’aller chercher des ressources parfois insoupçonnées.

 

 

Cette résistance est très marquée dans certains sports comme le football et beaucoup moins chez les pilotes automobiles par exemple ou les tennismen à l’instar de Roger Fédérer suivi depuis ses 14 ans. Mais le plus grand ambassadeur est probablement Teddy Riner qui a parlé de son parcours et de tout ce qui lui apporte encore la psychologie. Il parle aussi du lien avec sa psychologue qui le suit depuis ses débuts. Certains sportifs, même, n’ont pas hésité à parler de leurs dépressions, de leurs passages à vide et pourtant ce sont de grands champions.

 

La psychologie est donc à entendre ici comme un accompagnement parfois sur le long terme mais dont la fréquence varie. Si au départ, les séances sont souvent rapprochées, c’est pour ensuite, les espacer et permettre au sportif de consulter quand il en ressent le besoin. Le travail d’investigation du début permet une meilleure connaissance et une autonomie. Puis en fonction des niveaux, des besoins, des objectifs et d’autres paramètres, le suivi est variable. C’est un soutien, qui permet d’aider le sportif en cas de difficulté.  Cela permet aux athlètes de ne pas attendre l’effondrement pour consulter. 

 

La psychologie n’évite pas un mauvais parcours en équitation, un mauvais tournoi, un mauvais match. Mais elle permet d’analyser le comportement avant, pendant, après et de l’améliorer. Elle permet de désamorcer des crises, d’accompagner une défaite et de se relever pour mieux. Elle est un ingrédient important dans la vie d’un sportif. Car le sportif est avant tout un humain.

 

La psychologie permet aussi de mettre en avant les points forts mais pas uniquement. En effet, ce qui est perçu chez certains comme une faiblesse est transformée, en séance, en point fort. Il y a d’autres sujets qui reviennent comme ces cavaliers que je reçois et qui voudraient être comme…. Ces cavaliers ne voient pas que leur richesse et leur potentiel est aussi dans leur différence. Etre comme, ressembler à … certes cela peut-être de belles inspirations qui tirent vers le haut, mais en sachant ce qui nous caractérise. Et cela s’élabore.

 

LE PSYCHOLOGUE ET LE STAFF

 

J’ai remarqué que si la collaboration est très fructueuse avec les coaches qui me contactent, il y a des coaches pour lesquels la psychologie est synonyme de voyance, d’être capable de lire dans la tête des autres. Cela, je ne sais pas faire et ce n’est pas de la psychologie. Mais alors, pourquoi certains entraineurs peuvent opposer une résistance?

 

Car le psychologue, a il est vrai, accès à l’intime du sportif. Mais rappelez vous que le psychologue est tenu au secret professionnel. C’est aussi pour cela que les personnes s’autorisent à se livrer et se libérer. Or certains coaches (tous sports confondus) peuvent craindre de perdre un certain contrôle et donc ne plus gérer les athlètes comme ils l’entendent. Cela est donc, vous le comprenez maintenant, une fausse croyance car les psychologues sont là, au contraire, pour « mettre de l’huile dans les rouages », faire du lien. Y compris entre le coach et l’athlète quand il y en a besoin.

 

Les coaches avec lesquelles je travaille, sous forme de stage et / ou de manière individuelle, sont déjà eux-mêmes très bon pédagogues et ressentent quand leur cavalières ou cavaliers pourraient aller plus loin ou lever des blocages avec moi, soit sur le terrain de la psychologie soit de la préparation mentale souvent les deux. Je travaille par exemple avec le Haras du Val dont Nadège et Florian Auvert sont les dirigeants et instructeurs avec de très bons résultats encore à l’heure où j’écris ces lignes.  Je peux citer également Franck Curti, cavalier professionnel, reconnu pour ses résultats et sa pédagogie. Chacun est dans son domaine. Les échanges sont très faciles et en faveur des cavaliers qui se sentent compris. Le fait d’avoir monté à haut niveau et d’être enseignante permet aux cavaliers d’être rassurés car on parle le même langage et je m’ajuste totalement à eux, mais je laisse la partie technique aux coaches, mon domaine est vraiment la psychologie. C’est un travail d’équipe et en confiance.

 

J’insiste aussi sur le fait de la notion de travail d’équipe, car ce n’est pas un travail « chacun pour soi » pour nourrir les égos de chacun. Mais bien un travail d’équipe qui permet en premier lieu le bien-être du sportif. Si le sportif se sent bien, il sera disponible pour son coach, pour son cheval. Il sera capable de mobiliser toutes ses ressources et mettra en place tous les moyens en sa possession pour atteindre son objectif.

 

Marie Caucanas

 

 

Dans le prochain article nous parlerons de l’alliance thérapeutique en psychologie et d’un outil que j’utilise en préparation mentale, qui est l’hypnose.

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